Le pape devant 7'000 Gitans: «Eradiquer les préjugés» qui conduisent à la discrimination
Rome, 26.10.2015 (cath.ch-apic) «Il est temps d’éradiquer les préjugés séculaires» à la base de «la discrimination, du racisme et de la xénophobie», a lancé le 26 octobre 2015 le pape François aux quelque 7’000 participants à un pèlerinage du peuple gitan.
Devant les gens du voyage rassemblés au Vatican, le pape a aussi demandé aux «institutions civiles» d’assurer une réelle «insertion scolaire et professionnelle» pour les jeunes gitans, souvent déscolarisés.
Des chants et danses colorés et rythmés ont accueilli le pape dans la salle Paul VI remplie des 7’000 participants au pèlerinage mondial du peuple gitan organisé à Rome du 23 au 26 octobre. Ce pèlerinage, à l’initiative du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants, visait à commémorer les 50 ans de la visite historique de Paul VI (1963-1978) au camp de gens du voyage de Pomezia, près de Rome, le 26 septembre 1965. Le bienheureux pape y avait présidé la cérémonie du couronnement de Notre-Dame des Gitans.
«Des objets aux mains de personnes dépravées»
Venue d’Espagne, la chanteuse Maria Jose Santiago a interprété un vibrant Carita divina, repris par toute la salle sous le regard amusé du pontife. Après l’introduction du cardinal Antonio Maria Vegliò, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, plusieurs témoignages se sont succédé. Une femme Serbe, mère de deux enfants, élevée dans un camp à Rome, a raconté l’aide reçue du diocèse de Rome. Très émue, la jeune femme a dû se reprendre à plusieurs reprises pour terminer son témoignage.
«Il est temps d’éradiquer les préjugés séculaires, les idées préconçues et les méfiances réciproques qui sont souvent à la base de la discrimination, du racisme et de la xénophobie», a notamment lancé le pape dans un discours applaudi maintes fois.
«Nous ne voulons plus assister aux tragédies familiales dans lesquelles les enfants meurent de froid ou entre les flammes, a-t-il imploré, où ils deviennent des objets aux mains de personnes dépravées, où les jeunes et les femmes sont impliqués dans le trafic de drogue ou des êtres humains». Des tragédies qui arrivent car «souvent, nous tombons dans l’indifférence et l’incapacité d’accepter les coutumes et modes de vie différents de nous», a regretté le pape.
Le droit d’aller à l’école
«En visitant certaines paroisses romaines, dans les banlieues de la ville, a confié le pape aux participants au pèlerinage gitan, j’ai eu l’occasion d’écouter vos problèmes (…) et j’ai constaté qu’ils interpellent non seulement l’Eglise, mais aussi les autorités locales». Parmi ces problèmes figurent notamment «des conditions précaires», qui sont dues «au manque de travail».
Le pape a alors demandé aux «institutions civiles l’engagement de garantir des parcours formatifs pour les jeunes gitans, en donnant la possibilité aussi aux familles qui vivent dans des conditions plus démunies de bénéficier d’une insertion scolaire et professionnelle adéquate». «Ce processus d’intégration, a souligné le pape, pose à la société le défi de connaître la culture, l’histoire et les valeurs de la population gitane». «Vos enfants ont le droit d’aller à l’école !» a-t-il alors lancé.
Le pape a cependant fait une recommandation aux gens du voyage: «chers amis, ne donnez pas aux moyens de communication et à l’opinion publique des occasions pour parler mal de vous». «Comme tous les citoyens, a-t-il souligné, vous pouvez contribuer au bien-être et au progrès de la société en en respectant les lois, en vous acquittant de vos devoirs et en vous intégrant aussi à travers l’émancipation des jeunes générations».
En conclusion de la rencontre, le pontife a couronné la Vierge noire des gitans et a salué des personnes handicapées, en fauteuil roulant, au premier rang, avant d’effectuer un bain de foule et de bénir des enfants pendant plus d’une vingtaine de minutes. (apic/imedia/bl/ak/be)