Le pape déplore que de nombreux jeunes soient sacrifiés au «dieu argent»
Rome, 24 mai 2015 (Apic) Le pape François a regretté que les jeunes soient devenus le sacrifice offert au dieu argent d’une société mondaine et égoïste. A l’occasion du 70e anniversaire de la fondation des Associations chrétiennes de travailleurs italiens (ACLI), le 23 mai 2015, le pape a aussi invité à considérer l’aide sociale comme une infrastructure de développement et non comme un coût.
Dans une ambiance chaleureuse, dans la salle Paul VI, le pape François a encouragé les quelque 7’000 membres des ACLI à donner une réponse vigoureuse au système économique mondial» actuel où ce n’est pas l’homme et la femme qui sont au centre, mais le dieu argent. «Ce dieu argent détruit, et provoque une culture du déchet», a poursuivi le pape dans une diatribe improvisée.
«On rejette les enfants qui sont exploités ou tués avant de naître», a-t-il déploré une nouvelle fois, et les personnes âgées, elles aussi rejetées, n’ont «pas de soins dignes et perçoivent des retraites misérables. Et maintenant, on rejette aussi les jeunes, a-t-il ajouté, se désolant que plus de 40 % des Italiens de moins de 25 ans n’aient pas de travail. Ces jeunes, a dénoncé le pape, «sont le sacrifice que cette société mondaine et égoïste offre au dieu argent, au centre de notre système économique mondial».
«L’extension de la précarité, du travail au noir ou du chantage criminel», a poursuivi le pape, montre combien, surtout chez les jeunes générations, le manque de travail prive de dignité. Livrés à eux même, a-t-il aussi mis en garde, les jeunes risquent de tomber dans les addictions, de tomber dans la criminalité, ou de s’en aller chercher des horizons de guerre comme mercenaires.
L’aide sociale n’est pas un coût
Le pape a également invité les ACLI à prendre en compte, dans leurs différentes missions, le nouveau phénomène de l’appauvrissement des classes moyennes. Il faut éviter que ceux qui, hier encore, vivaient une vie digne, a-t-il expliqué, ne glissent dans la pauvreté. «Aujourd’hui, il suffit d’un rien pour devenir pauvre, a-t-il souligné. La perte d’un travail, une personne âgée qui n’est plus auto-suffisante, une maladie, et même – pensez à ce terrible paradoxe – la naissance d’un enfant».
«Dans les Caritas paroissiales, a-t-il insisté, on voit cela tous les jours : des hommes et des femmes qui arrivent pour demander de la nourriture, en se cachant un peu car ils sont devenus pauvres d’un mois à l’autre et ils ont honte». Et le pape d’inviter à la bataille culturelle qui vise à considérer l’aide sociale comme une infrastructure de développement, et non un coût.
Fondées il y a 70 ans sous le pontificat de Pie XII (1939-1958) dans le but d’appliquer la doctrine sociale de l’Eglise, les ACLI assistent les demandeurs d’emploi et travailleurs italiens. (apic/imedia/bl/mp)