Le pape dénonce «le capitalisme effréné»
Le pape François a encouragé la publication d’un livre intitulé «Pouvoir et argent. La justice sociale selon Bergoglio», rapporte L’Osservatore Romano du 12 avril 2018. En préface à cet ouvrage, le pontife dénonce les excès d’un «capitalisme effréné» que l’Eglise doit dénoncer au nom de «l’espérance réelle» de l’Evangile.
En tant que «composante vitale» de la société, écrit le pape, l’économie peut contribuer à la dignité des hommes, appelés à «collaborer avec le plan de Dieu». Toutefois, l’économie mondialisée actuelle est «ambivalente»: si elle a permis à des milliards de personnes de sortir de la pauvreté, elle a aussi un rôle dans l’exploitation excessif des ressources communes, dans l’augmentation des inégalités et la détérioration de la planète.
De nouveaux esclavages
Pour le successeur de Pierre, les moyens financiers actuels ont «amplifié la potentialité du bien et du mal». Il y a donc un paradoxe d’une économie qui pourrait nourrir, soigner et loger toute la population mondiale mais qui est en fait concentrée dans les mains de très peu de personnes. Ainsi, estime le pontife, le «capitalisme effréné» a créé de «nouvelles précarités et de nouveaux esclavages».
Les questions économiques et sociales, affirme François, «ne peuvent être étrangères au message de l’Evangile». L’Eglise ne peut rester silencieuse face à ces injustices car «l’Evangile n’est pas une utopie mais une espérance réelle». «Je ne peux pas ne pas dénoncer, l’Evangile à la main, les péchés personnels et sociaux commis contre Dieu et contre le prochain au nom du dieu argent», assène-t-il.
Pour le pape argentin, l’économie, elle aussi, doit être guidée par les trois vertus théologales – la foi, la charité et l’espérance. Le péché, considère-t-il, «a taché et tache encore la bonté originelle mais ne peut effacer l’empreinte de l’image de Dieu en chaque homme».
Une armée du bien
Cela explique, selon lui, pourquoi il a appelé depuis les débuts de son pontificat à un meilleur traitement des pauvres. Le spéculateur, demande le pontife, doit retrouver «le sens de l’humanité et de la justice». Il appelle ainsi à une prise de conscience de la gravité des problèmes pour lesquels «un peu de pommade ne suffit pas».
Pour l’évêque de Rome, contre la «culture du déchet» il faut développer une «culture de la valorisation». «Tant et tant d’hommes et de femmes de tous âges et latitudes sont déjà enrôlés dans une armée du bien», se réjouit-il. Les armes de celle-ci sont «la passion pour la justice, le respect de la légalité et l’intelligence de communion».
Elaboré par le journaliste Michele Zanzucchi, cet ouvrage est paru en Italie le 12 avril, aux éditions Città Nuova Editrice. (cath.ch/imedia/xln/rz)