Le pape blâme l'immaturité des financiers du Vatican
Le pape François considère que l’affaire dite ›de l’immeuble de Londres’, au cœur d’un procès dont la 24e audience s’est tenue le 7 juillet 2022, s’explique par «l’irresponsabilité de la structure» économique du Saint-Siège et une administration de l’argent «immature».
Dans un entretien accordé à Reuters et diffusé ce 7 juillet, le pontife estime que les réformes qu’il a menées permettent désormais d’empêcher de telles irrégularités.
«Avant, l’administration [de l’argent du Vatican, ndlr] était très désordonnée», admet le pontife, mettant en avant le fait que le Secrétariat pour l’économie qu’il a institué est désormais composé de personnes expertes et de techniciens. Ceux-ci, estime-t-il, «ne tombent pas entre les mains de bienfaiteurs ou d’amis, entre guillemets, qui peuvent vous faire déraper».
Des ‘amis’ pas toujours bien intentionnés
Le pape François évoque ensuite les cas de prêtres n’ayant aucune formation ou expérience financière à qui l’on avait pourtant demandé de gérer les finances d’un département du Saint-Siège. Ceux-ci ,auraient alors demandé, de bonne foi, de l’aide à des amis travaillant dans le secteur financier hors du Vatican. «Mais parfois, les amis n’étaient pas la bienheureuse Imelda», a assuré le pontife, dans une allusion ironique à une jeune fille italienne de 11 ans du XIVe siècle, modèle de pureté enfantine. «Et donc ce qui est arrivé, est arrivé», conclut-il.
Si le pape n’évoque pas la procédure en cours, la situation décrite correspond par certains aspects à la ligne de défense de plusieurs personnes inculpées, notamment le cardinal Angelo Becciu substitut de la Secrétairerie d’État entre 2011 et 2018. À ce poste, il exerçait un contrôle sur l’administration du Saint-Siège, avec la gestion des ressources financières restées sous le contrôle de la Secrétairerie d’État jusqu’en décembre 2020.
Le cardinal Pell, ‘le génie’ à l’origine du Secrétariat pour l’économie
Le pape François fait en outre l’éloge du cardinal George Pell, le présentant comme «le génie» qui aurait suggéré l’idée de la création d’un secrétariat pour l’Économie afin de contrôler les flux d’argent et de combattre la corruption. L’Australien en fut le premier préfet après la création de cette institution en 2014.
À ce poste, il s’opposa frontalement au cardinal Becciu, lui reprochant notamment de ne pas lui laisser l’accès aux finances de la Secrétairerie d’État. Cependant, mis en cause en 2017 dans une affaire d’abus sexuels sur mineurs en Australie pour laquelle il passa un an en prison avant d’être blanchi. Ecarté du Vatican, il a été remplacé par le Père jésuite Juan Antonio Guerrero.
Le cardinal Pell a à plusieurs reprises fait le lien entre l’affaire judiciaire australienne dont il été la victime et sa rivalité avec le cardinal Becciu, laissant entendre qu’il considérait que le prélat sarde avait joué un rôle dans sa disgrâce. Ce dernier a nié vigoureusement et a menacé le cardinal australien de poursuite s’il continuait à diffuser cette interprétation. (cath.ch/imedia/cd/mp)