Le P. Cantalamessa appelle à «revenir à la 1ère rencontre avec Jésus»
«Revenons au moment de l’appel, à notre première vraie rencontre personnelle avec Jésus, lorsque nous avons dit que seul Dieu suffisait et que nous y avons cru», a déclaré le cardinal Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, lors de sa première prédication de Carême délivrée salle Paul VI le 26 février 2021.
Au cours de cette catéchèse, en présence des membres de la Curie romaine mais sans le pape François, le cardinal récemment nommé a insisté sur la nécessité de renouveler notre conversion au Christ.
Les membres de la Curie, qui auraient dû se rendre à Ariccia, près du lac d’Albano, pour la semaine des Exercices spirituels de saint Ignace, n’ont finalement pas pu se déplacer en raison des restrictions imposées par le Covid-19. Dans la salle Paul VI, ils ont assisté au premier des sermons hebdomadaires que donne le prédicateur de la Maison pontificale pour le temps du Carême, qui auront pour thème cette année «Et vous, qui dites-vous que je suis ?» (Matthieu 16:15)
«Retourner à l’enfance signifie revenir au moment de la découverte pour laquelle nous avons été appelés, à la première vraie rencontre personnelle avec Jésus, quand nous avons dit que Dieu seul suffisait et que nous y avons cru», a déclaré le cardinal Cantalamessa. Le théologien capucin a rappelé que la conversion que Jésus demande aux apôtres, qui s’inquiétaient de la position qu’ils auraient dans le royaume, est de redevenir des enfants.
Les trois types de conversion
Le cardinal a relevé les trois types de conversion identifiés dans l’Évangile. La première conversion découle de la prédication de Jésus, car la venue de Jésus donne un sens nouveau : se convertir ne signifie pas revenir en arrière, mais faire un saut dans le Royaume. Le prédicateur y voit le passage de «l’idée d’un Dieu qui exige» à «l’idée d’un Dieu qui vient pour tout nous donner».
Ailleurs, lorsque les apôtres discutent pour savoir qui est le plus important d’entre eux (Marc 9:33-37), et donc que leur discussion porte non pas sur le Royaume, mais sur la position, Jésus leur demande leur demande de se décentrer d’eux-mêmes et de se recentrer sur le Christ, et sur le Royaume. Tel est le second type de conversion selon le prédicateur.
Commentant l’une des sept lettres adressées aux Églises particulières qui vivent déjà la vie chrétienne dans le Livre de l’Apocalypse, le Père Cantalamessa souligne qu’il est question d’une conversion de la médiocrité et de la tiédeur à la ferveur de l’esprit. Il invite à ne pas négliger ou mal interpréter «l’adjonction de Paul : soyez fervent dans l’Esprit».
Une authentique conversion en temps de Carême
Considérée comme un chemin composé de trois étapes (purgative, illuminante, unitive) la conversion au sens traditionnel n’est pas la seule voie qui mène à Dieu. «Saint Paul le dit clairement, poursuit le cardinal, si par l’Esprit vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez. Une ascèse entreprise sans une forte poussée initiale de l’Esprit Saint serait vaine. L’Esprit nous est donné afin de pouvoir nous mortifier plutôt que comme récompense pour avoir été mortifiés».
«Une vie chrétienne pleine d’efforts ascétiques, de mortification, sans la touche vivifiante de l’Esprit, ressemble à une messe sans consécration de l’espèce», insiste le prédicateur de la Maison pontificale. Il explique que la «sobre ivresse» dont parle saint Ambroise s’obtient par l’Eucharistie et les Ecritures, mais aussi par la pluie pénétrante de l’Esprit Saint, qui est une nouvelle voie dépendant de l’unique initiative de Dieu. Le fruit le plus fréquent du baptême dans l’Esprit Saint et le feu (Matthieu 3:11) dont parle Jean-Baptiste est «la découverte de ce que signifie avoir une relation personnelle avec Jésus ressuscité», conclut le cardinal Cantalamessa. (cath.ch/imedia/at/mp)