Jura: Le Chanoine Claude Ducarroz, invité du Groupe œcuménique de Delémont
Le Notre Père dans l’unité des chrétiens
Delémont, 26 janvier 2012 (Apic) Connu pour son audace verbale, l’abbé Claude Ducarroz a donné une conférence dans la capitale jurassienne à l’invitation du Groupe œcuménique de Delémont et environs, le 24 janvier 2012. S’appuyant sur la dernière publication du Groupe des Dombes, le Prévôt de la cathédrale de Fribourg a rappelé le rôle du Notre Père dans l’histoire de l’œcuménisme.
«Je me pince! Suis-je encore vivant? Heureusement, il a été fait mention d’un cardinal, d’un évêque avant celle du Prévôt. Ça ramène à l’humilité». C’est par ce trait d’humour que l’abbé Claude Ducarroz a entamé, mardi soir, sa conférence au centre l’Avenir à Delémont. Il répondait à la longue et élogieuse biographie exposée par Jean-Marie Boillat, l’animateur du Groupe œcuménique de Delémont et environs, qui a organisé cette soirée dans le cadre de la Semaine de prière pour l’Unité chrétienne.
Le Prévôt de la cathédrale de Fribourg a présenté la dernière publication du Groupe des Dombes: «Vous donc, priez ainsi», sous-titrée «Le Notre Père, itinéraire pour la conversion des Eglises». Dans une perspective œcuménique, «Vous donc, priez ainsi» étudie le Notre Père, la grande prière des chrétiens. En 2010, le groupe de travail a analysé les interprétations présentes et passées des différentes confessions. Il est reparti de la Bible et de l’enracinement juif. Il a aussi souligné les difficultés de compréhension, et repensé le Notre Père dans ses dimensions anthropologiques, théologiques et spirituelles, pour proposer dans ce livre de nouvelles clefs d’interprétation, précise Claude Ducarroz.
«Est-ce que vous savez que c’est seulement en 1949 que les catholiques ont été autorisés à prier avec les protestants? Le décret du Saint-Office de Rome disait: ’maintenant vous pouvez commencer à prier avec eux’». Avant, il était interdit de prier ensemble! Il faut savoir d’où on vient! Et en 1966, nous avons ce cadeau d’un Notre Père en commun qui fait que, non seulement nous pouvons prier ensemble, mais nous pouvons prier ensemble avec les mêmes mots et les mêmes expressions. Ce qui facilite évidemment la communion dans la prière.»
A entendre l’abbé Claude Ducarroz, le travail du Groupe des Dombes devait apporter une réponse concrète à une simple question, «en tenant compte de ce que nous avons fait, nous, dans notre tragique histoire, de ce Notre Père, des problématiques actuelles et de la société d’aujourd’hui». «Si nous sommes face à un Père commun, est-ce que la fraternité des enfants peut rester désunie? Ou ne pouvons-nous pas trouver dans cette prière de quoi relancer l’œcuménisme? Le Notre Père est vraiment la pierre de l’unité de l’Eglise. On ne peut pas dire que l’on a un seul Père lorsque les frères se disputent».
Savoir pardonner
Connu pour son franc-parler, l’abbé Claude Ducarroz rappelle que «l’Eglise catholique est montée dans le train de l’œcuménisme avec retard, mais maintenant elle n’en descendra plus. L’erreur serait aujourd’hui de considérer que les progrès du mouvement œcuménique ont atteint leur terme et qu’il faudrait se satisfaire de la situation présente. La tentation – un peu sournoise – serait de se contenter de la situation actuelle. De dire on s’entend bien, le curé et le pasteur boivent des verres ensemble, plus si affinités, alors qu’il y a encore beaucoup de grain à moudre pour avancer dans l’œcuménisme».
Au cours de son exposé, le chanoine fribourgeois évoque à maintes reprises l’ouverture de Jean Paul II à propos de l’œcuménisme: «En l’an 2000, iI a eu un geste fort en passant l’Eglise catholique dans la machine à laver de la confession. Au nom de l’Eglise, il a demandé pardon pour tout le mal que nous avons pu faire, et nous faire entre nous. Il me semble qu’il faudrait repartir de là. Si on traîne toujours ça derrière nous, c’est comme un boulet qui nous empêche d’avancer. On a tous besoin d’être pardonnés et de demander pardon. En Suisse aussi, et dans le Jura par exemple, les affrontements ont été parfois violents. On ne peut pas oublier notre histoire, elle a été écrite dans le cœur, dans la chair, mais il faut savoir pardonner».
Encadré
Depuis 70 ans, le Groupe des Dombes réunit une quarantaine de théologiens catholiques et protestants pour prier et réfléchir. Ce groupe a publié plusieurs ouvrages sur la foi commune des Eglises et des questions séparatrices, parfois «brûlantes», sur le péché, Marie, ou l’autorité doctrinale.
Parmi eux figurent d’importants théologiens, dont l’abbé Claude Ducarroz. (apic/sic/pt/ggc)