«Le mal que l’homme peut accomplir semble incroyable»

Aux hommes «déconnectés les uns des autres, anesthésiés par l’indifférence et opprimés par la solitude», le pape François a recommandé d’avoir recours à l’Esprit Saint. Il s’exprimait lors de la messe pour la fête de Pentecôte, le 28 mai 2023, dans la basilique Saint-Pierre.

«Tant de guerres, tant de conflits: le mal que l’homme peut accomplir semble incroyable!», a déploré le 266e pape dans son homélie. Derrière ces «hostilités», il a dénoncé «l’esprit de division, le diable», qui «se plaît dans les antagonismes, les injustices, les calomnies». Constatant que «nos efforts pour construire l’harmonie ne suffisent pas», le pontife a recommandé d’avoir recours à l’Esprit Saint, qui «renouvelle la terre, […] non pas en changeant la réalité, mais plutôt en l’harmonisant». 

Sans l’Esprit Saint, a martelé le successeur de Pierre, «l’Église est inerte, la foi n’est qu’une doctrine, la morale qu’un devoir, la pastorale qu’un travail». C’est «de Lui, surtout, que l’Église a besoin aujourd’hui», a-t-il assuré. Et d’exhorter: «Remettons l’Esprit Saint au centre de l’Église, sinon nos cœurs ne seront pas brûlés d’amour pour Jésus, mais pour nous-mêmes».

Attention aux «doctrines froides»

L’évêque de Rome a aussi enjoint de mettre «l’Esprit au début et au cœur des travaux du synode». Le «Synode sur la synodalité» – chantier de réflexion sur l’avenir de l’Église, ouvert en 2021 et qui se conclura en 2024 –, ne sert pas à «revendiquer des droits et des besoins selon l’agenda du monde», ni à «aller là où le vent nous porte», a-t-il redit. L’Esprit Saint n’a pas de «projet structuré», ni de «plan précis et articulé», a aussi glissé le pontife argentin, qui a critiqué au passage les «doctrines froides, qui semblent mathématiques», de certains théologiens.

Pour mener à bien la «marche selon l’Esprit», le pape a conseillé de l’invoquer au quotidien. «Disons-lui donc chaque jour: viens ! […] Commençons chaque journée en Le priant». Il a laissé à l’assemblée quelques questions: «Suis-je prompt à juger, à pointer du doigt et à claquer la porte au nez des autres, en me considérant comme la victime de tout et de tous? […] Est ce que je pardonne, est-ce que je favorise la réconciliation et crée la communion?».

Le pape en forme

«Si le monde est divisé, si l’Église est polarisée, si le cœur est fragmenté, ne perdons pas de temps à critiquer les autres et à nous mettre en colère contre nous-mêmes, mais invoquons l’Esprit, il est capable de résoudre cela», a conclu le pape. Après la messe, le pape François doit célébrer la prière mariale du Regina Cæli à midi place Saint-Pierre. Si le pontife de 86 ans a eu un épisode de fièvre et de fatigue qui l’a empêché de recevoir le 26 mai, il a cependant repris ses activités dès le lendemain. (cath.ch/imedia/ak/rz)