Le maire de la ville juive de Nazareth Illit accusé d’incitation au racisme

Israël: Shimon Gafsou souhaiterait déporter à Gaza les habitants «hostiles» de Nazareth

Nazareth, 22 novembre 2012 (Apic) Shimon Gafsou, le maire d’extrême-droite de la ville juive de Nazareth Illit (Haute Nazareth), souhaiterait déporter à Gaza les habitants de la ville arabe de Nazareth «hostiles à Israël». Ils sont pourtant des citoyens israéliens. Il a lancé un appel à l’Etat d’Israël, affirmant que Nazareth devient un «nid de terreur au coeur de la Galilée», «un centre qui diffuse la haine d’Israël, qui soutient toute initiative anti-israélienne».

Shimon Gafsou s’était fait connaître pour avoir interdit de placer un sapin de Noël sur une place de Nazareth Illit, une ville juive adjacente à Nazareth. La ville juive compte désormais une dizaine de milliers d’Arabes israéliens (environ 20% de la population), en majorité des chrétiens. La ville nouvelle a été créée au milieu des années 1950 en tant que colonie juive sur des terres confisquées à la municipalité du grand Nazareth et des villages palestiniens avoisinants.

La ville arabe de Nazareth, une «cinquième colonne»

Des militants de l’ONG «Coalition contre le racisme en Israël», dirigé par l’avocat Nidal Othman, ont réclamé le 20 novembre que Gafsou soit «inculpé pour déclarations racistes». Dans une lettre envoyée au Ministre israélien de l’Intérieur Eli Yishai, il affirme que Nazareth est rempli de résidents hostiles à Israël et que leur place «est à Gaza et pas ici». Il a écrit cette lettre alors que des habitants de Nazareth manifestaient contre le bombardement de Gaza.

Gafsou demande au gouvernement israélien d’arrêter de fournir des subventions gouvernementales à Nazareth, parce que le «régime» dans cette ville est «une cinquième colonne», qui attend le bon moment «pour planter un couteau dans le dos de l’Etat».

Attaque en règle contre les élus de Nazareth

Ce membre du parti «Israel Beiteinu» accuse le maire de Nazareth, Ramiz Jaraisy, issu d’une famille de confession grecque-orthodoxe, d’être un «fauteur de troubles». Il lui reproche d’utiliser l’argent de la municipalité pour organiser «des activités subversives contre l’Etat». Gafsou relève également que «la terroriste Haneen Zoabi est une habitante de la ville», en faisant référence à la première députée arabe à la Knesset, membre du parti Balad.

De son côté, la «Coalition contre le racisme en Israël» accuse la justice israélienne de ne rien entreprendre contre de tels propos. A ses yeux, elle se rend ainsi «complice» d’incitation à la haine raciale.

Un sondage gênant pour l’image d’Israël

L’attitude du maire de Nazareth Illit ne surprend pas les observateurs si l’on considère la dérive droitière de la société israélienne. En octobre dernier, les résultats d’un sondage réalisé auprès de 503 personnes par «Dialog», un institut de sondage dirigé par le professeur Camil Fuchs, de l’Université de Tel Aviv, révélaient chez la majorité des juifs israéliens «des attitudes anti-Arabes et ultra-nationalistes», rapporte le quotidien israélien «Haaretz».

Ce sondage, commandité par le «Yisraela Goldblum Fund», a été d’emblée contesté par les défenseurs d’une vision idyllique d’Israël. Gideon Levy, membre du bureau éditorial d’»Haaretz, écrivait le mois dernier que «les Israéliens veulent de plus en plus de judaïsme et de moins en moins de démocratie (…) La démocratie, d’accord, pourquoi pas. Mais seulement pour les juifs.»

Gideon Levy regrette dans son éditorial que les Israéliens soient les premiers à dénoncer l’antisémitisme, mais ne se rendent plus compte du racisme dont ils font preuve à l’égard des citoyens arabes israéliens. (apic/haar/be)

22 novembre 2012 | 12:31
par webmaster@kath.ch
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