Le Kosovo s’engage à protéger les sites orthodoxes serbes
A l’occasion de la signature, à Washington, le 4 septembre 2020, d’un accord sur la «normalisation économique» entre la Serbie et le Kosovo, Pristina s’est engagée à protéger les sites religieux orthodoxes serbes. Ces dernières années, églises et monastères ont été la cible des extrémistes kosovars.
Malgré l’accord paraphé par le président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre kosovar Avdullah Hoti, Belgrade refuse toujours de reconnaître l’indépendance proclamée en 2008 par le Kosovo après la guerre qui a duré de mars 1998 à juin 1999 et qui a fait 13’000 morts. Il s’agit néanmoins d’une avancée.
Outre la normalisation économique, l’accord mentionne la protection des sites religieux orthodoxes serbes au Kosovo, souvent vandalisés par les extrémistes albanais, qui veulent effacer la présence historique serbe sur ces terres. Plusieurs monuments serbes au Kosovo sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Garantir la liberté religieuse
«Les deux parties s’engagent à protéger la liberté religieuse, y compris la reprise de la communication interconfessionnelle, la protection des sites religieux et la mise en œuvre des décisions judiciaires concernant l’Eglise orthodoxe serbe, ainsi que la poursuite de la restitution des biens juifs de l’époque de l’holocauste laissés sans héritiers et non réclamés», a précisé le président Aleksandar Vucic.
«Il est aussi important que les deux parties soient obligées de promouvoir la protection et le maintien des différentes religions, les communications interreligieuses, et en particulier la protection des sites religieux, de même que la mise en œuvre des décisions des tribunaux concernant les propriétés de l’Eglise orthodoxe serbe», a-t-il poursuivi.
«Ainsi, nous avons réussi à ce que les Américains nous garantissent l’inclusion des décisions de justice pour les biens du Patriarcat de Pec et du monastère de Decani, pour lesquels les Américains nous ont assuré qu’ils seront des biens protégés pour les prêtres et fidèles serbes», a ajouté le chef de l’Etat serbe. Il y a trois semaines, les autorités kosovares de Decani, avec le soutien de Pristina, ont continué la construction illégale de la route nationale Decani-Plav, traversant la zone protégée du monastère de Decani, contrairement à la décision du Tribunal suprême du Kosovo.
Vandalisme et pillage des églises orthodoxes
L’Eglise orthodoxe, qui parle volontiers du Kosovo comme une «terre sacrée de l’orthodoxie serbe», évoquant même la «Jérusalem serbe», craint toujours pour l’existence de ses sites historiques dans cette ancienne province autonome de la Serbie. L’UNESCO utilise le terme de «monuments médiévaux au Kosovo» pour des édifices religieux orthodoxes comme l’église de la Vierge de Levisa, le Patriarcat de Pec, le monastère de Visoki Decani et le monastère de Gracanica.
Effacer l’héritage chrétien
Les attaques d’extrémistes kosovars visant à effacer l’héritage chrétien au Kosovo ont entraîné la destruction de dizaines d’églises et de monastères serbes dans cette région peuplée en majorité de citoyens d’origine albanaise, notamment lors des troubles de mars 2004. En deux jours d’émeutes, plus de trente églises et monastères serbes du Kosovo ont été détruits par les extrémistes albanais. Au total, depuis juin 1999, près de 150 lieux de culte ont été pillés, incendiés, profanés ou vandalisés, rapportait le 29 mars 2004 l’envoyé spécial à Pristina Jean-Arnault Dérens.
Des églises historiques, comme l’église de la Vierge de Levisa «Bogorodica Ljeviska», ont été fortement endommagées. Cette cathédrale de l’Eglise orthodoxe serbe à Prizren, datant du XIIe siècle, figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, comme les trois principaux monastères orthodoxes du Kosovo, ceux de Pec, où sont intronisés les patriarches serbes, de Gracanica et de Decani. (cath.ch/be)