Le document des évêques allemands sur l’intercommunion continue de faire débat
Le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et le cardinal Francesco Coccopalmerio, président émérite du Conseil pontifical pour les textes législatifs, ont tous deux porté, fin juillet 2018, des appréciations différentes sur le document de l’épiscopat allemand au sujet de l’intercommunion.
Début 2018, les évêques allemands avaient voté un texte favorisant la communion eucharistique pour le membre non-catholique d’un couple mixte catholique-protestant. Mais ce texte n’avait pas fait l’unanimité, et des prélats en avaient appelé au Saint-Siège. Celui-ci avait estimé en juin que le document n’était «pas mûr» et qu’il soulevait une «série de problèmes d’importance significative».
Le cardinal Müller dubitatif
Dans un entretien à un journal catholique australien, le cardinal Müller considère que «l’intercommunion n’est pas possible, absolument, objectivement». En effet, développe-t-il, la communion eucharistique est la «représentation sacramentelle de la communion dans la foi».
Ainsi, un «sentiment religieux ou une impression d’appartenance» ne suffit pas pour communier. Le haut prélat allemand espère ainsi que les évêques de son pays natal «trouveront la marche arrière pour une compréhension plus religieuse et spirituelle de l’Eglise et pour respecter les fondamentaux de la foi catholique».
Le choix «douloureux» des couples mixtes
Dans un entretien au site italien Vatican Insider paru le 1er août 2018, le cardinal Coccopalmerio semble avoir une lecture différente. Sans vouloir se prononcer sur le bien-fondé du document allemand, il estime que celui-ci «est certainement important et définitivement intéressant, rédigé avec beaucoup de soin» par des personnes compétentes.
Pour lui, l’intercommunion est de fait déjà possible dans le cas d’un couple mixte. Selon le magistère, explique-t-il, les chrétiens non-catholiques peuvent communier dans des cas exceptionnels et de nécessité spirituelle. Or, pour le cardinal italien, le cas d’un tel couple participant à la messe est de fait un cas exceptionnel. Sans intercommunion, poursuit-il, le couple se retrouve devant un choix «douloureux»: soit il est divisé dans l’Eucharistie, soit personne ne communie. Alors, les deux – y compris le catholique – seraient privés de la grâce de la communion.
Dans une telle situation, affirme le haut prélat, autoriser le non-catholique à communier n’est pas accorder les sacrements à tous les chrétiens. C’est «une concession accordée par la juste nécessité de ne pas séparer un couple d’époux, dans un moment aussi spécial que la participation au sacrement de l’Eucharistie». Ainsi, «l’exceptionnalité du cas, chaque fois, détermine l’exceptionnalité de la concession, chaque fois». Le cardinal Coccopalmerio suggère toutefois de limiter cette autorisation à certaines occasions particulières.
Une «clarification» du Vatican à venir
Toujours selon le cardinal italien, une condition est nécessaire pour que le conjoint non-catholique puisse communier: qu’il reconnaisse le pain et le vin consacré comme le Corps et le Sang du Christ. La croyance en la transsubstantiation – le pain et le vin deviennent «réellement, vraiment et substantiellement» le Corps et le Sang du Christ – n’est même pas nécessaire, avance l’ancien président de dicastère. Ainsi, pourraient être admis les luthériens qui croient que le pain et le vin restent pleinement pain et vin tout en étant Corps et Sang du Christ le temps du sacrement.
Interrogé dans l’avion de retour de Suisse le 21 juin, le pape François avait relevé que le document des évêques allemands posait problème, car «une chose approuvée par une conférence épiscopale devient immédiatement universelle». Dans sa réponse de juin, le Vatican avait annoncé que les dicastères compétents apporteraient prochainement une «clarification». (cath.ch/imedia/xln/rz)