Le «Docteur séraphique», un maître à penser du pape

Rome: Saint Bonaventure et Benoît XVI, une affection spirituelle et intellectuelle

Rome, 15 juillet 2011 (Apic) Le 15 juillet, l’Eglise fête saint Bonaventure (vers 1217-1274), théologien parmi les plus appréciés de Benoît XVI. En mars 2010, le pape lui avait consacré une série de catéchèses, faisant écho à la thèse qu’il avait soutenue en 1957, sur les théories de ce docteur de l’Eglise du XIIIe siècle, concernant notamment la Révélation divine et la théologie de l’Histoire.

La passion de Joseph Ratzinger pour saint Bonaventure remonte au début de ses études, quand il entreprend des recherches sur la théologie médiévale, dans le cadre de son doctorat sur les Pères de l’Eglise et sur saint Augustin (354-430). Sa thèse consacrée à l’ecclésiologie, soutenue à l’Université de Munich en juillet 1953, est intitulée «Peuple et maison de Dieu dans la doctrine chrétienne de saint Augustin». Elle fut suivie, en 1957, par une thèse d’habilitation à l’enseignement de la théologie dans les universités allemandes.

Joseph Ratzinger choisit de démontrer s’il existait chez saint Bonaventure, sous une forme quelconque, un concept correspondant à la notion d’histoire du Salut et si ce thème avait un rapport avec l’idée de Révélation. Un choix qu’il expliquera ensuite dans son autobiographie «Ma Vie, Souvenirs» (éditions Fayard, 1998).

La rédaction de cette thèse, dont la réception par l’Université se fit avec difficulté – certaines analyses du Père Ratzinger ne convenaient pas au jury – marque le début d’un attachement particulier du futur pape pour le franciscain.

Trois catéchèses pour le saint

Depuis le début de son pontificat, le pape a très souvent montré cet attachement à saint Bonaventure. En mars 2010, Benoît XVI lui a consacré une série de catéchèses. Au cours de trois audiences générales successives, le pape a exposé la vie et l’œuvre du saint, né à Bagnoregio (Italie), vers 1217 et mort en 1274, qu’il considère comme un des théologiens les plus importants de l’histoire de l’Eglise. Benoît XVI y fait souvent référence dans ses écrits et discours, invitant les chrétiens à s’en inspirer.

Autre marque d’attachement: le pèlerinage que fit le pape en septembre 2009 dans la ville natale du saint italien. Il s’était longuement recueilli devant une de ses reliques.

Un exemple pour les chercheurs

C’est en entrant chez les franciscains, en 1243, que Giovanni da Fidanza prit le nom de Bonaventure. Devenu ministre général de l’Ordre, ce «grand saint et excellent théologien», selon les mots du pape, a joué un rôle immense dans le développement de la théologie au XIIIe siècle. Benoît XVI le place au même niveau que saint Thomas d’Aquin (1225-1274). Il compare leurs thèses afin de les réconcilier, au lieu de les opposer comme certains l’avaient fait auparavant.

Celui que l’on surnomme le «Docteur séraphique» est considéré par le pape comme l’un de ceux qui ont formé l’esprit de l’Europe chrétienne. Selon Benoît XVI, saint Bonaventure voyait l’histoire comme «un chemin où les œuvres du Christ ne reculent pas, mais progressent».

Rappelant que cela implique la possibilité permanente que «chez les nouvelles générations apparaissent de nouvelles lumières», Benoît XVI a encouragé les chercheurs à l’approfondissement de leurs connaissances. Il les a également mis en garde contre «une façon arrogante de faire de la théologie». Suivant l’exemple du saint, les chercheurs doivent retrouver la finalité de la discipline, qui consiste à mieux connaître celui que l’on aime (Dieu, ndlr)».

Cet éminent théologien aura donc particulièrement influencé le pape, qui parsème ses allocutions de points de sa doctrine, comme il le fait aussi régulièrement avec celle de saint Augustin. (apic/imedia/hp/nd)

15 juillet 2011 | 13:50
par webmaster@kath.ch
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