Le diocèse de Coire annule la conférence d’un complotiste allemand

Le vicaire général du diocèse de Coire, Jürg Stucker, a fait annuler la conférence de l’auteur allemand Markus Krall, prévue dans le cadre de l’Assemblée plénière du décanat de Coire, le 9 novembre 2022. Le motif en est que Markus Krall est accusé de soutenir des thèses complotistes, antidémocratiques et antisémites.

Barbara Ludwig, kath.ch/ traduction et adaptation: Raphaël Zbinden

Helmut Gehrmann, doyen de Coire et curé de Trimmis, dans les Grisons, avait invité Markus Krall comme orateur dans le cadre de l’Assemblée plénière du décanat de Coire, prévue le 9 novembre. Le titre de la conférence était «Cinq piliers pour le maintien d’un ordre social libéral et chrétien».

kath.ch a appris d’une personne concernée souhaitant rester anonyme que la venue de Markus Krall avait provoqué des craintes chez certains collaborateurs de l’Eglise. L’Allemand est directeur général et porte-parole de l’entreprise Degussa Goldhandel GmbH, basée à Munich et active dans le marché de l’or. Il est aussi l’auteur d’ouvrages politico-économiques polémiques. L’entreprise est également présente sur deux sites en Suisse.

Le fait que Markus Krall soit accessoirement membre de l’Ordre du St-Sépulcre n’a pas convaincu ses détracteurs de Coire. La principale raison des craintes est que l’industriel est accusé dans son pays de diffuser des thèses conspirationnistes. Un point confirmé à kath.ch par Michael Blume, spécialiste en sciences religieuses et politiques chargé de la lutte contre l’antisémitisme au sein du gouvernement du Land du Bade-Wurtemberg. Selon lui, Markus Krall a propagé des allégations sur une prétendue conspiration mondiale du marxisme culturel qui serait issue de l’Ecole de Francfort. L’Ecole de Francfort désigne un groupe d’intellectuels, parmi lesquels de nombreux juifs, qui se sont rattachés aux théories de Hegel, Marx et Freud et dont le centre était l’Institut de recherche sociale ouvert en 1924 à Francfort-sur-le-Main.

Soutien à l’AfD

Selon le journal Die Zeit, l’entreprise Degussa aurait en outre participé au financement du parti populiste d’extrême droite «Alternative pour l’Allemagne» (AfD). Markus Krall s’est également fait remarquer par des prises de position antidémocratiques. Le libéral de droite estime notamment que l’Allemagne est au bord d’une «dictature éco-socialiste», qui ne pourrait être empêchée que par une «révolution bourgeoise».

Informé de ses faits, le vicaire général Jürg Stucker serait intervenu auprès du doyen de Coire Helmut Gehrmann, qui a annulé la conférence.

Michael Blume s’est réjoui de l’exclusion de Markus Krall. Le délégué du Bade-Wurtemberg s’est montré reconnaissant pour le fait qu’il y ait aussi en Suisse une «vigilance croissante face à l’antisémitisme transfrontalier venant souvent de la droite libérale». (cath.ch/kath/bal/rz)