Le COE et les Focolari ensemble pour l’unité
Les 10 ans du décès de Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, coïncident avec les 70 ans du Conseil œcuménique des Eglises (COE). Le 18 avril 2018, le COE a organisé en son siège à Genève une rencontre avec le Mouvement. Un moment fort, à la mesure de l’engagement des «Foco» pour l’unité des chrétiens, dès les années 1960.
«Vous n’êtes pas les seuls visiteurs du Conseil œcuménique des Eglises, cette année. Le pape viendra et le patriarche œcuménique Bartholomée. Et le ‘patriarche’ anglican est déjà venu». Le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, a donné à ses visiteurs une idée du programme des 70 ans du Conseil.
Le COE, situé dans le quartier des organisations internationales de Genève, bénéficie ainsi d’un regain d’attention qui permet de mesurer sa contribution à la longue marche vers l’unité des chrétiens. La visite de la forte délégation du Mouvement des Focolari a confirmé cet intérêt pour une organisation que le pape François honorera de sa présence, le 21 juin 2018.
«Même dans la maison!»
Du côté des «Foco», les liens entre leur fondatrice Chiara Lubich (1920-2008) et le COE sont anciens. Dans la foulée du concile Vatican II, elle, la catholique, avait tissé dès 1967 des relations étroites avec l’institution œcuménique, a d’emblée rappelé le pasteur Tveit dans son allocution.
Pour le pasteur norvégien, septième secrétaire général du COE depuis sa création en 1948, les Focolari sont associés à la dynamique de recherche d’unité: «Lorsque j’ai pris mes fonctions en 2009, j’ai découvert combien votre communauté était proche du COE. Et elle était même présente dans la maison!». Certains employés du COE, de fait, font partie du Mouvement des Focolari.
Les visites régulières des jeunes du Mouvement ont également prouvé la volonté de Chiara Lubich de travailler au rapprochement entre les Eglises chrétiennes. Cette jeunesse internationale, formée au Centre de formation de Montet, dans la Broye fribourgeoise, s’est déplacée en nombre, une cinquantaine, jusqu’à Genève.
«Un signe des temps»
«En chemin, au service, en unité» était le thème de la journée organisée en cette double occasion des 70 ans du COE et des 10 ans du décès de Chiara Lubich. Une bonne délégation des Focolari de Suisse avait également pris place dans la salle de réunion du Conseil œcuménique. Le coprésident du Mouvement, le Père Jésus Moran, a, quant à lui, insisté sur les vertus du dialogue tel que l’a développé Chiara Lubich. «Ce dialogue dans la spiritualité de l’unité est un signe des temps, a indiqué le religieux. Le dialogue est prisé dans toutes les traditions religieuses. Aussi bien dans la source biblique où Dieu parle à l’homme que dans les traditions védique ou coranique».
Pour le Père Moran, philosophe et anthropologue, tout homme en dialogue est «complété» par le don de l’autre. Mais dialoguer nécessite de l’écoute et du silence. Car le dialogue authentique permet d’approfondir la vérité. «Quand nous dialoguons, nous laissons l’autre trouver sa vérité», indique le responsable du Mouvement des Focolari.
Le Christ, les bras ouverts
Chiara Lubich a mis ce qu’elle appelait «le dialogue de la vie» au cœur de son action. Une contribution forte aux relations œcuméniques. Ce dialogue a permis de progresser. Il reste aujourd’hui, plus que jamais, nécessaire pour faire progresser l’œcuménisme: «Les possibilités de faire l’unité n’ont jamais été aussi élevées qu’aujourd’hui», estime le Père Moran.
L’unité des chrétiens, pourtant, doit faire face aux difficultés. «Si le pape François estime que nous vivons une troisième guerre mondiale par morceaux, indique le Père Moran, nous devons, nous, refaire une unité qui est en morceaux…»
Ces propos ont rejoint ceux du pasteur Tveit. Tourné vers la superbe tenture du Christ ornant la salle de rencontre du COE, ce dernier a évoqué la figure du Christ représenté, les bras ouverts et ressuscité, à la fois abandonné sur la croix et glorifié.
«Maintenir le dialogue coûte que coûte»
L’apport mutuel des Focolari, engagés dans l’œcuménisme, et du COE a produit bien des fruits. Pour le patriarche orthodoxe Jérémie, également présent en cet après-midi, le COE a fait des «progrès extraordinaires» en sept décennies. Pourtant, une fois passés les élans des 70 ans, s’ouvrira une nouvelle étape: «Qu’est-ce qui est possible encore? Et qu’est-ce qui n’est pas possible?, demande le métropolite de Suisse. Le mouvement œcuménique doit maintenir coûte que coûte le dialogue à notre époque. Le danger, c’est que chacun reste de son côté et ne fasse pas un pas de plus».
L’après-midi a pris fin avec des témoignages de personnalités proches du COE qui ont perçu la contribution importante de Chiara Lubich, Puis par un moment de prière à la chapelle, animé par les jeunes Focolari de Montet. Une conclusion qui sonnait comme un engagement renouvelé à l’égard du mouvement œcuménique, comme l’avait perçu dans les années 1960 la fondatrice du Mouvement. Car le COE comme les Focolari sont nés dans une période troublée, après la Deuxième Guerre mondiale. (cath.ch/bl)