Torsten Hartung, un saint Paul moderne, lors des JMJ de Fribourg (Photo: Pierre Pistoletti)
Suisse

Le chemin de Damas de Torsten Hartung

Fribourg, 5 mai 2015 (Apic) «J’ai tué un homme», lance Torsten Hartung, d’une voix calme, posée. Ce saint Paul moderne revient sur son enfance douloureuse, sur son passé de brigand, ses expériences carcérales et, enfin, sur sa rencontre avec le Christ. Dans une cathédrale de Fribourg comble, les jeunes réunis à l’occasion des Journées mondiales de la Jeunesse, l’écoutent religieusement.

«A la maison et à l’école, j’étais battu», explique le criminel allemand sans aucun pathos, «jusqu’au jour où j’ai décidé de rendre et d’être plus fort que les autres». Rapidement, il prend conscience que la violence génère un certain respect. «Je détestais la vie et, vous savez, les meilleurs combattants sont ceux qui n’ont plus rien à perdre».

Un deal avec Satan

Torsten rentre dans une spirale de violence qui lui fera connaître la prison dès l’âge de 18 ans. De larcins en délit, sa vie s’abime dans le non-sens jusqu’à ce qu’il rencontre une fille qui le convainc de déménager et de changer. Or, l’espoir est vite déçu et son amie finit par le quitter. «Un soir, je me suis retrouvé seul et déprimé. J’avais en tête le pacte de Faust et j’ai décidé, comme lui, de faire un deal avec Satan. Je lui ai dit: ‘vous pouvez avoir mon âme, je n’en ai pas besoin, mais pendant une année et demie je veux vivre comme un roi».

Quelques jours plus tard, il se retrouve à la tête du plus grand gang européen de vol de voitures. Il achemine Mercedes et BMW en Russie et gagne jusqu’à 100’000 francs par semaine. Mais une peur persiste: celle de perdre sa place au sommet de cette hiérarchie criminelle. Lorsqu’un concurrent s’immisce à son niveau, il l’abat, d’une balle en plein front.

Un seul vœu

Peu de temps après, il se retrouve à Majorque, dans la chapelle d’un monastère, 18 mois jour pour jour après son pacte. Les visiteurs sont invités à inscrire une prière sur un morceau de papier. Torsten prend très au sérieux cette démarche: «J’avais une chance, une seule chance. J’ai inscrit sur ce papier: ‘je veux que ma vie soit heureuse’. Elle ne l’avait jamais été jusque là.».

En octobre 1992, il est arrêté par Interpol à Stockholm et passe 4 ans dans les prisons suédoises avant d’être incarcéré à Berlin. Durant les premiers temps de sa détention, à Pâques, l’aumônerie de prison l’invite à suivre un film sur la Passion du Christ. De retour dans sa cellule, bouleversé, il prie et dit à Jésus: «Vous êtes ressuscité, vous avez eu une deuxième chance. Je veux aussi la mienne. Je sais que ma vie ne vaut rien, mais je vous demande une deuxième chance».

«Je sais»

Torsten se tait. Il regard les jeunes qui l’écoutent… Puis reprend: «Très distinctement, j’ai entendu une voix qui me disais: ‘je sais’. Je sais ce qu’est ta vie, je sais tout. Cette voix était pleine de miséricorde. C’était mon expérience de Damas. Et tout à changé, à commencer par le regard que je posais sur la création. Pour la première fois de ma vie, je voyais la beauté des fleurs, de l’herbe, du ciel, des nuages. C’est comme si Jésus avait ôté de mes yeux le voile du péché. Tout le monde me croyait fou. J’avais simplement rencontré le Christ».

Un homme de foi

Il sera baptisé en 2000 dans la chapelle d’une prison de Berlin, puis libéré en 2006, après 14 ans de prison. Fort de son expérience, il est aujourd’hui à la tête d’une association qui accueille et encadre des jeunes violents en Allemagne.

A Fribourg, il a tenu à témoigner de sa foi et non pas du tragique de sa vie. «Savez-vous ce qu’est la foi?» demande-t-il aux jeunes en brandissant son poing. «J’ai un dizainier dans ma main. Vous le croyez? Vous le croyez?» Il l’ouvre et montre à tous l’objet de piété. «Vous voyez c’est aussi simple que cela la foi, mais ça change une vie». (apic/pp)

Torsten Hartung, un saint Paul moderne, lors des JMJ de Fribourg
5 mai 2015 | 17:27
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture : env. 3  min.
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