Le Centre Aletti de Rome défend toujours Marko Rupnik
Le Centre Aletti, communauté de théologiens et d’artistes fondée à Rome par Marko Rupnik, accuse la Compagnie de Jésus de mener une «campagne de diffamation» contre le prêtre-mosaïste suspecté d’abus sexuels. Le Centre a fait valoir que Marko Rupnik avait déjà demandé à se retirer des jésuites avant son renvoi de l’ordre, en juin 2023.
Le 15 juin 2023, le Père Johan Verschueren, en charge de gérer le cas Rupnik pour la Compagnie de Jésus, a annoncé dans un communiqué que le célèbre artiste slovène avait été renvoyé de l’ordre le 9 juin. Le Père Marko Ivan Rupnik, célèbre mosaïste slovène mis en cause dans plusieurs affaires d’abus sexuels, a été renvoyé de la Compagnie de Jésus «en raison de son refus obstiné d’observer le vœu d’obéissance», était-il expliqué.
Johan Verschueren a déclaré que Marko Rupnik avait reçu l’ordre de quitter une maison jésuite rattachée au Centre Aletti, et «d’accepter une nouvelle mission, dans laquelle nous lui avons offert une dernière chance, en tant que jésuite, d’assumer son passé et de donner un signe clair aux nombreuses personnes blessées qui ont témoigné contre lui, afin d’entrer dans un chemin de vérité». »Face au refus de Marko Rupnik d’obéir à ce mandat, il ne nous restait malheureusement qu’une seule solution: le renvoi de la Compagnie de Jésus», a souligné le jésuite belge.
Un prétexte pour renvoyer Marko Rupnik?
Suite à l’annonce de la Compagnie de Jésus, le Centre Aletti a publié le 17 juin sa propre déclaration, prétendant «remettre les pendules à l’heure», rapporte le site américain Crux. Le Centre Aletti est une communauté internationale d’artistes et de théologiens, composée de femmes et d’hommes, située à Rome et qui a servi pendant des années de base d’opérations au Père Rupnik.
Le Centre a assuré que la demande pour que Rupnik quitte Rome et soit transféré dans une communauté de Lombardie avait été faite le 9 mars 2023, soit plusieurs mois après que le Slovène ait présenté de lui-même une demande de pouvoir quitter l’ordre. Selon la communauté, Marko Rupnik a fait cette demande parce que «la confiance en ses supérieurs avait complètement disparu».
«Ils ont malheureusement montré leur appui répété à une campagne médiatique basée sur des accusations diffamatoires et non prouvées (qui ont exposé la personne du Père Rupnik et du Centre Aletti à des formes de lynchage), plutôt que de fournir à la presse des informations correctes fondées sur des actes et des documents en leur possession démontrant une vérité différente de ce qui a été publié», affirme le Centre. Ce dernier relève que la demande de Marko Rupnik de quitter l’ordre a été «inexplicablement» omise dans la déclaration des Jésuites annonçant l’expulsion. La communauté romaine accuse donc les jésuites d’avoir créé, avec cette nouvelle mission, un prétexte pour justifier sa décision de renvoi.
Au moins quatre autres jésuites rattachés au Centro Aletti ont en outre annoncé leur intention de quitter l’ordre, par solidarité avec le mosaïste.
Des plaintes jugées «crédibles»
L’affaire Rupnik a éclaté dans les médias internationaux en décembre 2022, lorsque des blogs et des sites web italiens ont rapporté les témoignages de femmes adultes assurant avoir subi une emprise du prêtre-artiste ayant débouché sur des abus spirituels et sexuels.
À ce moment-là, les jésuites ont recommandé l’ouverture d’un procès canonique. Le dicastère du Vatican pour la doctrine de la foi (DDF), dirigé par le jésuite espagnol Luis Ladaria, a toutefois rejeté la demande, s’appuyant sur la prescription des faits, qui se seraient déroulés pour la plupart dans les années 1990. La Compagnie de Jésus a cependant mené sa propre enquête interne. Les jésuites, concluant que les plaintes étaient «crédibles», ont imposé au prêtre des mesures conservatoires, notamment une interdiction d’exercer son ministère.
Au début de l’année, le diocèse de Rome a discrètement lancé une visite apostolique au Centre Aletti afin de recueillir des informations et de déterminer l’environnement interne de la communauté. Les résultats de cette enquête n’ont pas été rendus publics. (cath.ch/crux/arch/rz)