Le cardinal Zuppi interroge l’état d’urgence migratoire en Italie
«Il est difficile de dire que la migration est une urgence comme un tsunami qui arrive soudainement», a déclaré le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne (CEI), le 13 avril 2023. Il s’exprimait ainsi deux jours après que le gouvernement italien ait déclaré l’état d’urgence à l’échelle nationale en raison de l’augmentation du nombre de migrants arrivant dans le pays.
S’exprimant lors de la présentation du rapport 2023 du Centre Astalli, la branche italienne du Service jésuite des réfugiés, le cardinal italien a estimé que cette situation devait être l’occasion de se tourner vers l’avenir et de mettre en œuvre des solutions à long terme sur la question de la migration.
Le 11 avril dernier, le gouvernement italien, dirigé par la Première ministre de la droite conservatrice Giorgia Meloni, a déclaré l’état d’urgence pour une durée de six mois afin de faire face à l’afflux de migrants dans la péninsule. Cette mesure a permis de débloquer cinq millions d’euros en urgence, somme qui sera gérée par un commissaire spécial nommé à cet effet. Selon les chiffres du gouvernement, plus de 31’000 migrants sont arrivés en Italie depuis le début de l’année, contre un peu moins de 8’000 pour la même période en 2022 et 2021.
L’urgence de Lampedusa
Le cardinal Zuppi a souligné que cette dernière décennie avait vu des afflux de migrants beaucoup plus importants, en des périodes où l’état d’urgence n’avait pas été déclaré. Entre janvier et avril 2017, par exemple, plus de 37’000 migrants sont arrivés en Italie. L’état d’urgence pourrait servir «à prendre et à donner des réponses définitives» à cette question, «mais nous avons connu des situations d’urgence plus graves que celle-ci», a expliqué l’archevêque de Bologne.
«La véritable urgence, c’est Lampedusa», a-t-il déclaré, mettant en lumière la petite île italienne qui s’est retrouvée au carrefour des routes migratoires et qui est «surchargée depuis des mois proportionnellement aux structures qu’elle possède». Entre le 9 et le 10 avril, environ 1700 migrants sont arrivés sur l’île. Le cardinal Zuppi a reconnu cependant qu’il s’agissait d’une «urgence relative». Et il a rappelé que le pape François avait visité l’île il y a 10 ans en 2013 déjà pour mettre en lumière les problèmes liés à la migration.
Toutefois, le président de la CEI a également fait une lecture positive du nouvel état d’urgence, estimant qu’il pourrait refléter le désir des autorités de «trouver un outil pour tenter de résoudre le problème de la migration». Il espère que les décisions qui en découleront ne seront pas des «solutions d’urgence», mais qu’elles «se projetteront dans l’avenir».
Le travail d’accueil des réfugiés mis en valeur
Le prélat a évoqué par exemple les longs délais d’attente des réfugiés pour obtenir leur permis de séjour ou le rôle complexe des ONG dans le sauvetage des bateaux de migrants en Méditerranée.
Le cardinal a aussi reconnu le travail que fait le Centre Astalli, entre autres, pour aider les migrants dans la péninsule. Cette structure administrée par les jésuites soutient environ 18’000 migrants en Italie, dont 10’000 à Rome. Lors de la présentation de son rapport annuel, deux migrants, originaires de Sierra Leone et d’Afghanistan, ont parlé de leur voyage jusqu’en Italie et des difficultés rencontrées. Le maire de Rome, Roberto Gualtieri, était également présent à l’événement. (cath.ch/imedia/ic/rz)