Le cardinal malien Jean Zerbo était archevêque de Bamako depuis 1998 | capture d'écran CTV
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Le cardinal Zerbo quitte sa charge d’archevêque de Bamako

Le pape François a accepté la renonciation du cardinal Jean Zerbo au gouvernement pastoral de l’archidiocèse de Bamako, capitale du Mali, a annoncé le Saint-Siège le 25 juillet 2024. Âgé de 80 ans, le cardinal n’est plus «électeur» – il ne participera pas à l’élection du futur pape en cas de conclave – depuis le 27 décembre dernier.

Pour lui succéder à l’archidiocèse de Bamako, dont il était à la tête depuis 1998, le pape a nommé Mgr Robert Cissé, un prélat de 56 ans qui était jusqu’à présent évêque de Sikasso, au sud du pays. Ce docteur en philosophie est encore tout jeune évêque: il a été ordonné le 11 février 2023.

Le cardinal Jean Zerbo, qui a été le premier Malien à recevoir la pourpre en 2017, quitte donc sa charge à l’âge de 80 ans, soit cinq ans de plus que l’âge canonique de la retraite. Né le 27 décembre 1943 à Ségou, Jean Zerbo a été ordonné en 1971. Après des études à l’Université catholique de Lyon puis à l’Institut biblique de Rome de 1977 à 1982, ce passionné de football est devenu curé à Markala, à quelques kilomètres au nord de sa ville natale.

Celui qui a aussi enseigné au Grand Séminaire de Bamako avait 44 ans quand le pape Jean Paul II l’a nommé évêque auxiliaire de Bamako, en 1988. Transféré au diocèse de Mopti en 1994, Jean Zerbo est finalement devenu l’archevêque de la capitale malienne quatre ans plus tard.

L’harmonie entre communautés menacée

Après l’insurrection islamiste déclenchée en 2012 dans le Sahel, qui va durant toute la décennie dévaster la région, Mgr Zerbo a alerté sur l’effondrement du pays et le délitement des relations entre les communautés musulmanes, chrétiennes et animistes qui vivaient autrefois en harmonie. Alors que l’opération Serval conduite par la France se déployait pour freiner l’avancée des djihadistes, Mgr Zerbo a réclamé l’ouverture de couloirs humanitaires pour permettre d’envoyer des aides aux populations privées de nourriture et de médicaments.

En 2015, il s’est envolé pour l’Europe avec une délégation de la société civile composée notamment de personnalités musulmanes afin de chercher des soutiens et des solutions pour retrouver la paix. Homme de dialogue, il a déploré le fait que les armes aient envahi son pays et appelle inlassablement à la réconciliation et au pardon.

En 2017, depuis la fenêtre du Palais apostolique, le pape François annonce la création de cinq nouveaux cardinaux: Mgr Jean Zerbo, qui a alors 73 ans, est le premier évêque cité; un signe de reconnaissance supplémentaire qui confère en outre au Malien le droit de prononcer au nom des autres cardinaux un discours lors de la célébration du consistoire.

L’ombre d’une affaire financière

Mais dans la foulée de la joie suscitée par cette annonce papale, des médias mobilisés sur les documents «SwissLeaks» accusent trois responsables de l’Église au Mali – dont le nouveau cardinal désigné – d’avoir ouvert des années plus tôt des comptes bancaires en Suisse pour y abriter 12 millions d’euros. La conférence épiscopale dément catégoriquement ces informations. Présent à Rome malgré l’agitation médiatique autour de l’affaire, le cardinal, peut-être malade, laissera finalement au cardinal espagnol Omella le soin de prononcer le discours durant la cérémonie du consistoire.

Moins présent sur la scène médiatique par la suite, il jouit néanmoins d’un grand respect aux yeux de la population malienne ainsi que de la part du nouveau gouvernement issu du putsch de 2020. (cath.ch/imedia/ak/rz)

Le cardinal malien Jean Zerbo était archevêque de Bamako depuis 1998 | capture d'écran CTV
25 juillet 2024 | 14:14
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Cardinaux (137), Jean Zerbo (2), Mali (66), retraite (37)
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