Le cardinal Zen Ze-kiun perplexe sur l'avenir des relations Chine-Vatican
Le cardinal chinois Joseph Zen Ze-kiun, ancien évêque de Hongkong et conseiller du pape François en matière de relations avec Pékin, exprime sa perplexité quant à l’avenir du «dossier chinois». Il met en particulier en garde contre un accord «à tout prix» qui ne s’accompagnerait pas de réelles garanties quant à la liberté de fonctionnement et d’organisation de l’Eglise en Chine.
Le cardinal Zen a publiquement exposé sa position au sujet des relations sino-vaticanes sur son blog, fin décembre, dans un texte en chinois traduit par Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris.
Le prélat se souvient notamment qu’au début de l’année dernière, la reprise des négociations entre les deux Etats, qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques, avait provoqué une bouffée d’enthousiasme. Des réactions face auxquelles le cardinal avoue avoir nourri quelques doutes, au regard notamment de la campagne antichrétienne en cours depuis quelques années dans certaines régions du pays, en particulier dans la province orientale du Zhejiang. Il soutient que les actions ayant mené au retrait de plus de mille croix du sommet des églises était «plus qu’un excès de zèle de la part de quelque responsable local», sous-entendant que la démarche était dans la ligne de la politique globale de Pékin. Il note en outre que les étudiants du Séminaire national de la capitale ont été contraints de signer une déclaration les obligeant à concélébrer la messe avec des évêques illégitimes (non approuvés par Rome), faute de quoi ils n’obtiendraient pas leur diplôme de fin d’études. Ainsi, pour le prélat, le gouvernement chinois «édifie peu à peu une Eglise désormais objectivement séparée de l’Eglise catholique universelle. Par des propositions alléchantes ou bien par des menaces, il incite les membres du clergé à accomplir des actes allant contre de la doctrine et la discipline de l’Eglise, en reniant leur conscience et leur dignité».
Un accord de dupe?
Il souligne que, même si au cours de ces six derniers mois certains événements semblaient positifs, il n’y avait finalement pas de quoi se réjouir. L’ordination épiscopale de Mgr Zhang Yinlin, en août dernier, approuvée à la fois par Pékin et le Saint-Siège avait notamment été décrite par certains médias comme le signe d’un progrès substantiel.
Malgré tout, le cardinal Zen craint que le Parti communiste ne cherche à terme à signer un accord à son avantage, lui assurant le contrôle des ordinations épiscopales en réduisant au maximum la marge de manœuvre du Vatican. «Signer un semblable accord reviendrait à remettre l’autorité de nommer les évêques entre les mains d’un gouvernement athée», avertit le prélat chinois.
Il souligne en outre que, selon certaines sources, Pékin entend exiger la reconnaissance de la part du Saint-Siège de tous les évêques officiels, y compris les évêques illégitimes et ceux qui sont excommuniés. «Si le Saint-Siège venait à signer un accord avec le gouvernement sans clarifier tous ces points, il infligerait une blessure grave à la conscience des fidèles», estime-t-il.
Mgr Zen tient à souligner que la grande majorité du clergé et des fidèles de la communauté «officielle», sous l’égide du pouvoir chinois, est aussi extrêmement fidèle à l’autorité du Saint-Père. Il note que beaucoup d’entre eux souffrent énormément de la situation anormale de leur Eglise. (cath.ch-apic/eda/rz)