Le cardinal Turkson nommé à l'Académie pontificale des sciences

Le cardinal ghanéen Peter Turkson a été nommé Chancelier de l’Académie pontificale des sciences et de l’Académie pontificale des sciences sociales par le pape François, a annoncé le Bureau de presse du Saint-Siège, le 4 avril 2022. À 73 ans, sa démission au poste de préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral avait été acceptée par le pape le 23 décembre dernier.

Le cardinal Peter Turskon aura finalement attendu un peu plus de trois mois pour connaître son nouveau poste. Le pape François l’a nommé à la tête de deux académies prestigieuses qui réunissent d’éminentes personnalités du monde scientifique.

Refondée en 1847 par Pie IX, l’Académie pontificale des sciences a pour objectif de promouvoir le travail et la coopération scientifique, avec une préoccupation pour la responsabilité éthique et environnementale de la communauté scientifique.

Des Prix Nobel

Elle est composée de 80 hommes et femmes reconnus dans leur domaine scientifique, et dont certains ont reçu un Prix Nobel. L’astrophysicien allemand Reinhard Genzel, prix Nobel de physique 2020, y a par exemple fait son entrée récemment.

Officiellement indépendante du Saint-Siège – bien que le pape nomme les académiciens -, les délibérations et les études qu’elle entreprend constituent une source d’informations sur lesquelles les différents organes de la Curie peuvent s’appuyer.

Quant à l’Académie pontificale des sciences sociales, elle fut créée par Jean Paul II en 1994 pour promouvoir l’étude et le progrès des sciences sociales, économiques, politiques et juridiques, et pour offrir à l’Église des éléments pour son discernement. Le nombre d’académiciens varie entre 20 et 40. Le dernier à y avoir fait son entrée – en octobre dernier – est l’économiste américain Jeffrey David Sachs.

Comme chancelier de ces deux académies, le cardinal Turkson remplace Mgr Marcelo Sánchez Sorondo. Cet Argentin qui atteindra l’âge de 80 ans en septembre prochain aura passé près de 24 ans à la tête de ces académies puisqu’il y avait été nommé en 1998 par Jean Paul II.

Un acteur clé du pontificat de François

Peter Turskon, ancien archevêque de Cape Coast élevé au rang de cardinal à l’âge de 55 ans par Jean Paul II, est vite devenu un acteur clé sous le pontificat de François. Ce fils de charpentier, quatrième d’une famille de 10 enfants, a porté à bras le corps le dossier de l’écologie intégrale, si cher au pape François. Il est en ce sens l’un des grands artisans de l’encyclique Laudato si’ sur la «sauvegarde de la maison commune», parue en 2015.

En 2016, le pape annonce la création d’un «super dicastère» qui regroupe quatre entités de la Curie romaine: le Conseil pontifical Justice et paix – dirigé par le cardinal Turkson depuis 2009 -, le Conseil pontifical Cor Unum, le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, et le Conseil pontifical pour la pastorale de la santé.

Le pontife argentin place le cardinal ghanéen à la tête de ce mastodonte. Doté d’un budget de 13 millions d’euros en 2020, ce dicastère pour le Service du développement humain intégral emploie une soixantaine de personnes et gère des dossiers aussi stratégiques que celui des migrants, de l’environnement, et à partir de 2020, du Covid-19.

Une démission surprenante

Le cardinal Turkson y est apprécié pour son humanisme et sa sympathie. Mais certains regrettent son manque de charisme et d’habileté à manager. Soumis à de fortes tensions internes provoquées par la fusion d’entités vaticanes aux cultures de travail différentes, le dicastère connait de fortes turbulences.

En juin 2021, un audit y est conduit par le cardinal américain Blase Cupich. Quelques mois plus tard, à la veille de Noël, la démission du cardinal de 73 ans est acceptée par le pape François, officiellement en raison de l’expiration des cinq ans de mandat du préfet. Pour certains, cette «sortie» sonne comme un coup d’arrêt.

Il était alors le seul cardinal africain à occuper la tête d’un dicastère, après la démission quelques mois plus tôt du cardinal Robert Sarah de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. (cath.ch/imedia/hl/bh)