«Ce symposium prend acte du cri et de la colère du peuple de Dieu", a affirmé le cardinal Marc Ouellet | Capture-Ecran
Vatican

Le cardinal Ouellet demande pardon aux victimes d'abus sexuels

Inaugurant le Symposium sur le sacerdoce, le cardinal Marc Ouellet a demandé pardon aux personnes victimes d’abus sexuels commis par des clercs et «dont la vie est détruite», le 17 février 2022. Expliquant que la crise des abus pourrait trouver sa source dans le cléricalisme, il a cependant constaté que l’Église ne disposait pas encore des outils nécessaires pour faire un «examen de conscience théologique, spirituel et pastoral».

«Ne devrions-nous pas […] nous abstenir de parler du sacerdoce lorsque les péchés et les crimes de ministres indignes font la Une de la presse internationale pour avoir trahi leur engagement ou pour avoir couvert honteusement les personnes coupables de telles dépravations?». Dans la Salle Paul VI du Vatican, assis à côté du pape François, le cardinal Marc Ouellet, organisateur de ce colloque de théologie sur les fondements du sacerdoce, a tenu à introduire l’événement en s’adressant directement à toutes les victimes d’abus commis par des clercs.

«Il s’agit d’une occasion opportune d’exprimer nos sincères regrets et de demander pardon aux victimes, dont la vie est détruite par des comportements abusifs et criminels, qui ont été cachés pendant trop longtemps et traités avec légèreté, en raison du désir de protéger l’institution et les auteurs au lieu des victimes», a expliqué le préfet de la Congrégation pour les évêques.

«Ce symposium prend acte du cri et de la colère du peuple de Dieu; nous sommes donc ici pour joindre nos voix à ceux qui crient pour la vérité et la justice», a-t-il enchaîné.

L’urgence d’un examen de conscience

Le cardinal canadien a alors concédé que l’Église ne disposait pas encore des outils pour faire un exercice «douloureux et pourtant nécessaire, celui d’un examen de conscience théologique, spirituel et pastoral». Il a jugé nécessaire d’organiser un événement comme celui-ci pour faire le point sur les études sociologiques actuelles et analyser les causes historiques, culturelles et même théologiques qui pourraient mettre à jour la racine de ce que le pape François appelle le cléricalisme.

Ce terme, générique et concret, a-t-il expliqué, décrit un ensemble de phénomènes: «abus de pouvoir, abus spirituels, abus de conscience, dont les abus sexuels ne sont que la partie émergée de l’iceberg, visible et perverse, émergeant de déviations plus profondes qu’il convient d’identifier et de démasquer».

Dans une succincte réflexion, il a identifié qu’à la base de ces phénomènes se trouve un déséquilibre: «la survalorisation d’une forme de sacerdoce au détriment de l’autre, la forme baptismale, hélas presque oubliée dans le monde catholique».

Pour lui, ce déséquilibre pourrait remonter à la Contre-Réforme durant laquelle l’Église aurait, pour défendre le sacerdoce des prêtres, «laissé dans l’ombre l’autre dimension essentielle» et cautionné «une mentalité cléricale de pouvoir et une attitude de contrôle excessif des clercs sur l’ensemble de la communauté ecclésiale».

Le cardinal a enfin estimé que le chemin synodal sur lequel est lancé l’Église depuis octobre 2021 «réveille l’espoir d’un nouvel équilibre». Il a souligné que ce symposium devait y contribuer, en approfondissant le «sacerdoce du Christ, qui est donné à partager d’abord avec les baptisés, puis avec les ministres ordonnés». (cath.ch/imedia/hl/bh)

«Ce symposium prend acte du cri et de la colère du peuple de Dieu», a affirmé le cardinal Marc Ouellet | Capture-Ecran
17 février 2022 | 14:00
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 2  min.
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