Le cardinal mexicain Norberto Rivera Carrera a atteint l'âge de 80 ans
Né le 6 juin 1942, le cardinal mexicain Norberto Rivera Carrera perd ses droits de cardinal électeur. Archevêque de Mexico de 1995 à 2017, il a reçu les visites de Jean Paul II et du pape François. Son épiscopat reste également marqué par sa gestion contestée des scandales d’abus sexuels sur mineurs.
Le cardinal mexicain s’est retiré de la vie publique, après avoir été victime d’une agression armée à son domicile en 2018 et gravement atteint par le Covid-19 en 2021.
Originaire d’une famille modeste et rurale, le jeune abbé Norberto Rivera Carrera, alors étudiant à Rome au Collège pontifical latino-américain et à l’université Grégorienne, est ordonné prêtre en 1966 à la basilique Saint-Pierre par le pape Paul VI en personne. De retour un an plus tard dans son diocèse de Durango, au Mexique, il occupe de nombreuses charges en paroisse, au séminaire diocésain et dans des mouvements d’Action catholique.
Professeur à 40 ans et évêque à 43 ans
Également professeur d’ecclésiologie à partir de 1982 à l’Université pontificale du Mexique, il est nommé par Jean Paul II en 1985 évêque de Tehuacan, une ville située dans l’État de Puebla, au sud-est de Mexico. Au sein de la conférence épiscopale, il préside de 1989 à 1995 la commission épiscopale pour la famille, et il est également en charge de ce secteur pour le Celam, le Conseil épiscopal latino-américain, de 1993 à 1995.
Le 13 juin 1995, Jean Paul II le promeut archevêque de Mexico, et le crée cardinal en 1998, lors du dernier consistoire du XXe siècle. Il sera ainsi appelé à participer au conclave de 2005, menant à l’élection de Benoît XVI, et à celui de 2013, qui conduira à l’élection de François, le premier pape latino-américain.
Le cardinal Norberto Rivera Carrera sera aussi appelé à plusieurs reprises au Vatican pour intervenir sur les questions économiques. Benoît XVI l’intègre en 2010 au Conseil des cardinaux pour l’étude des problèmes organisationnels et économiques du Saint-Siège, puis le pape François le nomme en 2014 comme membre du Conseil pour l’Économie.
Il a été membre de nombreuses institutions du Saint-Siège, notamment la Congrégation pour le Culte divin, la Congrégation pour le clergé, le Conseil pontifical pour la famille ou encore la Commission pontificale pour l’Amérique latine.
Un cardinal puissant et contesté
Ses 22 ans d’épiscopat dans la capitale mexicaine ont été marqués par son attention au développement du sanctuaire de Notre-Dame-de-Guadalupe, l’un des plus importants au monde, où il a notamment reçu les visites de Jean Paul II en 1999 et 2002 et du pape François en 2016.
La communication a aussi été un axe central durant ses années d’épiscopat, notamment avec l’hebdomadaire catholique Desde la Fe, diffusé à 450’000 exemplaires et dont le rayonnement s’étend au-delà du Mexique. Il s’est également investi dans la défense des migrants d’Amérique centrale, dénonçant le «mur de la honte» que le président américain Donald Trump voulait construire à la frontière.
Mais son bilan est contesté concernant la question des abus sexuels sur mineurs: il a notamment pris la défense de Marcial Maciel, le prêtre mexicain fondateur des Légionnaires du Christ, écarté en 2006 après une enquête souhaitée par Benoît XVI, et ultérieurement reconnu coupable de nombreux délits.
En 2007, le cardinal mexicain a été interrogé durant six heures par des magistrats américains au sujet de ses liens avec un prêtre de son ancien diocèse de Tehuacan, reconnu coupable d’abus sur plusieurs mineurs dans le diocèse de Los Angeles, où il a avait été transféré.
En 2017, l’archevêque de Mexico, avait assuré de sa pleine collaboration avec la justice mexicaine au sujet de six affaires d’actes criminels présumés impliquant des prêtres de son diocèse, selon les règles de la loi sur les associations religieuses votée en 2010.
Proche de la droite mexicaine mais aussi de l’actuel président issu de la gauche populiste Andrés Manuel Lopez Obrador, le cardinal Norberto Rivera Carrera a aussi été critiqué pour son son train de vie et sa proximité avec les élites. «Les gens ne voient pas en lui un leader spirituel», indiquait le journal El Pais lors de sa démission en 2017.
Par ailleurs, le diocèse de Mexico, qui demeure l’un des plus grands du monde, a vu le nombre de catholiques diminuer, tombant sous la barre des sept millions alors que la population globale augmentait. Une étude de l’Institut national de statistique a montré un tassement de 6% du nombre de catholiques à Mexico entre 2000 et 2010.
Une retraite marquée par la violence et la maladie
Il est parti à la retraite à 75 ans en 2017, remplacé par le cardinal Carlos Aguiar Retes, considéré comme beaucoup plus proche du pape François. La fin d’épiscopat du cardinal Rivera Carrera fut marquée par l’agression d’un prêtre à la cathédrale de Mexico, le 15 mai 2017, qui décédera des suites de ses blessures le 3 août.
La violence endémique au Mexique a également touché personnellement le cardinal lorsque le 21 octobre 2018, son domicile fut attaqué par un groupe d’hommes armés. Cette tentative de cambriolage en plein jour avait coûté la vie à un policier mais le cardinal fut indemne. L’un des auteurs de l’attaque a depuis été condamné à 35 ans de prison.
En janvier 2021, le cardinal Norberto Rivera Carrera a été gravement affecté par une contamination au Covid-19. La non-prise en charge de ses frais d’hospitalisation par l’archidiocèse de Mexico avait suscité une vive controverse. Son choix de suivre un traitement dans une clinique privée et non dans un hôpital public justifiait, du point de vue du diocèse, l’utilisation de ses deniers personnels et non ceux de l’Église, dans un contexte de rigueur budgétaire.
Hospitalisé durant 48 jours, parmi lesquels 15 jours intubés, le cardinal mexicain fut annoncé mort par certains médias locaux, ce qui s’est avéré être une erreur. Il est finalement sorti de l’hôpital le 6 mars 2021 pour poursuivre sa convalescence à domicile, mais depuis cette hospitalisation, il est demeuré en retrait de la vie publique et ecclésiale du pays.
Après son 80e anniversaire, le Sacré-Collège compte désormais 116 cardinaux électeurs, et ce nombre s’élèvera à 132 après le consistoire du 27 août, annoncé par le pape François le 29 mai lors de la prière du Regina Caeli. (cath.ch/imedia/cv/gr)