Le cardinal Marx assume la crise des abus en Allemagne et démissionne
Le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising (Allemagne), a présenté sa démission de la tête de son archidiocèse au pape François dans une lettre envoyée le 21 mai 2021. Dans la missive, publiée sur le site de son diocèse le 4 juin, le membre du Conseil des cardinaux du Saint-Siège explique sa décision par «l’échec» de l’Église catholique en Allemagne dans la gestion de la crise des abus. Le pape François n’a pas encore donné suite à la demande du haut prélat.
Le pape François a autorisé le cardinal Marx à rendre sa lettre publique et lui a demandé de continuer à exercer sa charge «jusqu’à ce qu’une décision soit prise», explique un communiqué de l’archidiocèse bavarois.
Dans sa lettre au pontife, le cardinal allemand déplore l’incapacité de l’Église à assumer la crise des abus, qu’il considère comme une « défaillance institutionnelle ». Sans écarter les responsabilités personnelles, il regrette en particulier que «certains représentants» de l’Église catholique n’acceptent pas la «co-responsabilité et donc aussi la co-culpabilité de l’institution».
Cette co-responsabilité, le haut prélat bavarois affirme vouloir l’assumer par sa démission, en tant que membre de la hiérarchie catholique. Il s’agit selon lui d’envoyer un «signal personnel» afin de favoriser de «nouveaux commencements» au sein de l’Église en Allemagne mais aussi dans le monde entier.
Le cardinal Marx explique avoir constaté combien «l’estime» de la population pour les évêques avait «probablement atteint son point le plus bas» ces dernières années. Il l’explique par le fait que, malgré les révélations sur les scandales des abus, aucun «changement de perspective ne s’est encore concrétisé».
Le 30 septembre 2018, la congrégation des évêques d’Allemagne avait publié le «rapport MHG» – une enquête indépendante sur les abus dans les Église catholique outre-Rhin. L’enquête avait avancé que le nombre de victimes s’élevait à plus 3’000 personnes mais surtout que les abus continuaient à être perpétrés. Ces révélations ont été un des arguments centraux lors de l’ouverture du chemin synodal allemand en 2018 – un «virage» que le cardinal Marx, dans sa lettre, décrit comme la solution à la crise.
Une figure très importante de l’Église catholique
En avril dernier l’archevêque de Munich-Freising avait refusé la Croix fédérale du mérite – la plus haute distinction allemande – reconnaissant son échec face aux abus. Quelques semaines auparavant, il avait investi un demi-million d’euros dans la mise en place d’une fondation pour les victimes d’abus dans son archidiocèse. Un rapport sur les abus perpétrés au sein de ce dernier est en attente de publication depuis 2010.
Président de la Conférence des évêques d’Allemagne jusqu’en 2020, coordinateur du Conseil pour l’Économie du Saint-Siège et surtout membre du «C7», le très restreint Conseil des cardinaux conseillers du pape François, le cardinal Marx est une figure importante à l’intérieur comme à l’extérieur de son pays.
Depuis 2008, il était archevêque de l’archidiocèse de Munich-Freising, une circonscription qui a notamment connu comme archevêque le pape émérite Benoît XVI de 1977 à 1982. (cath.ch/imedia/cd/bh)