Le cardinal Cantalamessa plaide pour le «compromis» dans l'Église
Être «stricts avec nous-mêmes, indulgents avec les autres», c’est l’attitude que le cardinal Raniero Cantalamessa a suggérée dans sa première prédication de Carême au Vatican, le 3 mars 2023, sur le thème «Renouveler la nouveauté».
Si certains responsables de la Curie romaine étaient présents dans la salle Paul VI, le pape François était quant à lui absent, puisque se concluait en fin de matinée le traditionnel temps de retraite spirituelle des chefs de dicastères.
Le prédicateur de la Maison pontificale a initié son cycle de cinq prédications – chaque vendredi de Carême – en présentant le Synode sur l’avenir de l’Église, grand chantier ouvert par le pape François en octobre 2021, comme une nécessité pour l’Église, appelée à se renouveler sans cesse. Et de faire une analogie entre l’ouverture des chrétiens du premier siècle «vis-à-vis des païens», et «celle qui s’impose aujourd’hui aux laïcs, en particulier aux femmes, et à d’autres catégories de personnes».
«Tout ne se résout pas par des décisions prises lors d’un synode, ou par un décret», a averti le capucin, faisant observer que traduire ces décisions dans la pratique requiert «du temps, de la patience, du dialogue, de la tolérance». Cela exige aussi parfois «des compromis» qui ne sont pas «une capitulation, ou une réduction de la vérité», mais «charité et obéissance aux situations», a-t-il ajouté, alors que des tensions ont marqué l’assemblée européenne à Prague en février dernier, deuxième étape du Synode après la phase locale.$
Être «stricts avec nous-mêmes, indulgents avec les autres»
Devant les membres de la Curie, le prédicateur a souhaité aux chrétiens de devenir «un peu plus condescendants et tolérants, moins retranchés dans nos certitudes personnelles». Il s’agit, a-t-il insisté, de pratiquer une attitude contre-nature: être «stricts avec nous-mêmes, indulgents avec les autres». Et d’« arrêter de ressasser mes raisons comme quelqu’un qui mâche un chewing-gum», a-t-il glissé.
Certes, a-t-il concédé, le jugement est aussi un «type de service», que doit faire «un parent, un supérieur, un confesseur, un juge, toute personne qui a une quelconque responsabilité sur les autres». «Il ne s’agit donc pas d’éliminer le jugement de notre cœur, mais plutôt d’enlever le poison de notre jugement! C’est-à-dire la rancœur, la condamnation, l’ostracisme», a précisé le prélat.
Pour le cardinal Cantalamessa, «tout changement est à la croisée des chemins; deux voies opposées peuvent se présenter, soit celle du monde, soit celle de Dieu: soit la voie de la mort, soit la voie de la vie». Au fil de sa méditation, le capucin de 88 ans a rappelé à la Curie la «leçon amère» de la fin du XIXème et du début du XXème siècle, avec la crise du Modernisme. L’Église d’alors refusa de «prendre acte des changements intervenus dans la société», provoquant «des déchirures et des souffrances sans fin», a-t-il prévenu. (cath.ch/imedia/ak/bh)