Le cardinal Ambongo regrette que les femmes soient désavantagées dans l'Église
Le cardinal Fridolin Ambongo Besungu a admis que les cultures africaines et «une certaine mentalité dans l’Église» avaient placé les femmes dans une position désavantageuse. Le Congolais a appelé les évêques d’Afrique à prendre acte des conclusions du Synode sur la synodalité.
«Dans nos cultures traditionnelles, en Afrique, la femme a toujours été considérée comme la personne devant s’occuper du foyer, ce qui est en soi un rôle positif, a remarqué le cardinal Ambongo. Mais le Synode nous rappelle que nous sommes en fait tous égaux, poursuit-il. Car nous avons tous été créés hommes et femmes.»
Le cardinal congolais, qui est également président des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), s’est exprimé ainsi lors d’un séminaire en ligne, le 29 novembre 2024, rapporte le site américain Crux. Les principaux responsables de l’Église en Afrique y ont réfléchi à la mise en œuvre des conclusions du Synode et à l’élaboration de l’avenir synodal de l’Église en Afrique.
Le prélat de Kinshasa a ajouté que, bien que l’égalité entre les hommes et les femmes découle du baptême, le déséquilibre entre les deux sexes a été aggravé par «une certaine mentalité dans l’Église».
Revoir les croyances sur le handicap et les personnes âgées
Au cours de son intervention, le cardinal Ambongo a mentionné d’autres caractéristiques de la culture africaine questionnée par le Synode. Il a notamment évoqué le respect des personnes âgées et le traitement des personnes handicapées. «Quel regard portons-nous sur les personnes les plus faibles qui sont nées avec divers défauts?», a-t-il interrogé. Dans certains pays d’Afrique, les personnes porteuses de handicap sont en effet souvent marginalisées. «Au lieu de considérer que c’est l’œuvre du sorcier, du démon, comment pouvons-nous reconnaître et accueillir ces personnes comme des créatures de Dieu?»
Le cardinal a en outre remis en question les croyances traditionnelles qui limitent la parole des jeunes en présence des personnes âgées. Tout en soulignant l’importance du respect des personnes âgées, le prélat a exhorté ces dernières à cultiver un sens des responsabilités à l’égard des jeunes.
Nouvelles relations avec le Nord
L’archevêque de Kinshasa s’est aussi exprimé sur les relations de l’Afrique avec l’Église d’Occident et le Saint-Siège. Il a insisté sur le fait que ces relations «ne doivent plus exister comme avant». «Pour nous, Africains, c’est très important. C’est notre responsabilité. Si nous voulons être pris au sérieux, nous devons aussi adopter un comportement cohérent», a-t-il déclaré, sans toutefois préciser ce qui devrait changer dans les relations en question.
A noter que le cardinal Ambongo a été la cheville ouvrière de «l’exception» africaine face à Fiducia supplicans (décembre 2023). Cette déclaration autorisant les prêtres à bénir les couples en irrégularité, entre autres de même sexe, a provoqué une levée de boucliers, notamment au sein de l’Église africaine. L’archevêque de Kinshasa avait obtenu du pape François que les prêtres du continent ne soient pas obligés d’appliquer ces dispositions. (cath.ch/crux/arch/rz)