Le cardinal Agostino Cacciavillan est décédé
Le cardinal italien Agostino Cacciavillan s’est éteint le 5 mars 2022 à l’âge de 95 ans. Après avoir été nonce apostolique, entre autres au Kenya puis aux États-Unis, il avait présidé l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (APSA) de 1998 à 2002, sous le pontificat de Jean Paul II.
Le pape polonais l’avait créé cardinal lors du consistoire de 2001, en même temps que Mgr Bergoglio, l’actuel pape François.
Agostino Cacciavillan, né en 1926 et ordonné prêtre en 1949, était originaire du diocèse de Vicenza, en Vénétie. Après trois ans de service comme vicaire paroissial et des études de droit civil et canonique à Rome, il étudie à l’Académie ecclésiastique de 1957 à 1959, avant d’entrer au service de la diplomatie pontificale, sous le pontificat de Jean XXIII.
Dans les années 1960, il sera secrétaire de nonciature aux Philippines, en Espagne et au Portugal, avant de revenir au Vatican de 1968 et 1976, notamment comme chef du service d’information et de documentation de la Secrétairerie d’État.
Nonce au Kenya, en Inde et aux États-Unis
En 1976, Paul VI le nomme nonce apostolique au Kenya, et il est alors ordonné évêque . Demeurant à Nairobi jusqu’en 1981, il exerce en même temps le mandat d’observateur permanent du Saint-Siège auprès des organismes des Nations Unies dont le siège se situe dans la capitale kenyane.
En 1981, Jean Paul II le nomme pro-nonce apostolique en Inde, et il sera aussi en 1985 le premier pro-nonce apostolique accrédité auprès du royaume du Népal.
En 1990, il devient nonce apostolique aux États-Unis, et le demeurera jusqu’en 1998. Cette période est marquée par les relations difficiles entre le Saint-Siège et l’administration Clinton, compte tenu de profonds désaccords sur les questions de bioéthique et de protection de la vie.
En 1998, Mgr Cacciavillan revient à Rome où il devient, pour quatre ans, président de Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (APSA), l’organisme qui supervise la gestion des biens immobiliers et des placements financiers du Vatican, et qui joue aujourd’hui un rôle de «banque centrale». Il est crée cardinal par Jean Paul II en 2001.
Interrogations sur son rôle dans l’affaire McCarrick
En novembre 2020, le nom du cardinal Cacciavillan avait été cité dans le rapport publié par la Secrétairerie d’État au sujet de l’affaire McCarrick, du nom de l’ancien cardinal américain écarté du sacerdoce en 2019 pour des affaires d’abus sexuels sur mineurs et sur des séminaristes adultes.
En 1999, quand des accusations avaient été transmises à Rome concernant les moeurs de l’archevêque américain – alors en poste à Newark et pressenti pour une promotion à New York ou à Washington -, l’ancien nonce aux États-Unis avait fourni une note dans laquelle il relativisait les allégations rapportées contre McCarrick, insistant sur le fait qu’il s’agit-là de lointaines «rumeurs».
Au sujet d’un prêtre présumé victime des comportements du prélat et dont il était fait mention dans la lettre du cardinal O’Connor, Mgr Cacciavillan avait écrit : «Si je me souviens bien, en 1995, la croyance était que le prêtre, psychologiquement perturbé, n’était pas fiable».
Mgr Cacciavillan avait alors indiqué qu’«il serait peut-être préférable que McCarrick soit nommé pour Washington plutôt que pour New York », archidiocèse dans lequel il avait été prêtre. Il avait aussi déclaré ne pas être favorable à l’idée de solliciter des personnes pouvant aider le Saint-Siège à faire la lumière sur le dossier. Il expliquait que «rien de nouveau ne serait appris, et pire encore, une «situation de procès» pourrait être créée contre Mgr McCarrick, laissant l’impression d’une grande inquiétude».
Consulté une nouvelle fois en septembre 2000, il avait appuyé le nom de McCarrick dans une note d’opinion adressée à la Congrégation pour les évêques pour la sélection du nouvel archevêque de la capitale fédérale américaine. Il y assurait notamment qu’il ne fallait pas «craindre l’apparition ou la réapparition de nouvelles dans la presse » dans le cas où McCarrick serait nommé archevêque de Washington, ces dernières seraient facilement évacuées.
Obsèques célébrées le 7 mars
Sa messe d’obsèques sera célébrée le lundi 7 mars 2022 à 11h, à l’autel de la Chaire de Saint-Pierre, sous la présidence du cardinal Re, le Doyen du Sacré-Collège. Comme c’est la tradition pour les obsèques de cardinaux résidant à Rome, le pape François donnera la bénédiction finale.
Après son décès, le Sacré-Collège compte désormais 212 cardinaux, parmi lesquels 119 électeurs et 93 non-électeurs. (cath.ch/imedia/cd/mp)