Lausanne: remise du Prix «Good News» au chanoine Claude Ducarroz
Le Prix «Good News», qui récompense la diffusion de la Bonne Nouvelle par la publication de bonnes nouvelles dans les médias, a été remis cette année à l’abbé Claude Ducarroz. Le chanoine fribourgeois a été fêté le mardi 25 août 2020 dans les locaux de la paroisse du Saint-Rédempteur, à Lausanne, par une trentaine d’amis venus masqués, Covid-19 oblige.
Organisé pour la Suisse romande par le Centre catholique des médias Cath-Info à Lausanne et décerné par les internautes sur cath.ch, ce prix doté de 1’000 francs a été attribué à l’abbé Claude Ducarroz, «un Centre catholique des médias à lui tout seul!», a lancé en introduction Bernard Litzler, directeur de Cath-Info.
«Un homme de foi»
«Rédacteur, commentateur, chroniqueur, blogueur, éditorialiste, homéliste…. Tu nous tires vers le haut, vers le large, vers la profondeur de l’homme et de Dieu. Claude, tu sais écrire sur tout… et surtout tu rends les textes à l’heure, et même en avance!» Déjà comme prêtre, Claude a commenté l’Evangile et publié ses commentaires. Il a aussi écrit ou co-écrit moult ouvrages, seul ou avec d’autres. Il a travaillé comme éditorialiste au défunt Echo romand. Il a continué à l’Echo magazine. Il contribue maintenant à cath.ch comme blogueur, a énuméré le directeur de Cath-Info.
Qui a rappelé que le chanoine broyard était «un homme de foi qui puise dans le lien au Christ le bon grain à distiller dans les médias, et avec talent». Et avec une parole reconnue comme vraie et libre», a complété le journaliste grison Mariano Tschuor, qui a remis le Prix.
Prêtre hors du commun
C’est en sursilvan, la langue romanche parlée dans la Surselva, à l’ouest du canton des Grisons, que Mariano Tschuor, ancien directeur de la Radiotelevisiun Svizra Rumantscha (RTR), président de la Commission pour la Communication et les Relations publiques de la Conférence des évêques suisses, a salué ce prêtre hors du commun.
La cérémonie a donné l’occasion à Mariano Tschuor, qui conseille désormais l’abbaye bénédictine de Mariastein, de développer ses réflexions sur les relations entre l’Eglise et les médias. Et de se demander comment, «en tant que journalistes chrétiens, nous pouvons pratiquer une ‘communication de l’espoir’ sans tomber dans le piège d’être ‘des porte-voix de l’institution’».
«L’Eglise ne peut se passer de communication»
Pour Mariano Tschuor, c’est une évidence: «l’Eglise ne peut se passer de communication, car l’Eglise est communication, théologiquement et empiriquement. Dieu communique avec son peuple. Et inversement: son peuple communique avec Dieu. Sans communication, il n’y aurait, par exemple, pas de Bible».
Et de souligner que l’Eglise, au service de la Parole et en tant que service aux hommes, est échange, transmission et information. «Le pape Paul VI écrit en 1964, dans sa lettre encyclique «Ecclesiam suam» (»Son Eglise») que l’Eglise doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. «L’Eglise se fait parole; l’Eglise se fait message; l’Eglise se fait conversation».
La communication ne peut rien sans la confiance
Mais si la communication peut réussir, elle peut aussi rater «lorsque l’on omet son principe premier: c’est le destinataire qui fait le message. Entre l’émission et la réception, les perceptions peuvent différer. Certains prélats – et autres – réagissent parfois avec irritation lorsque les grands sujets de notre époque, attractifs pour le public, ne sont pas traités à leur façon: le célibat, la morale sexuelle, les femmes dans l’Eglise… Sans parler des abus».
Le journaliste grison déplore que de trop nombreux ministres ont misé – et misent toujours – sur une communication verticale, sur une logique top-down. Ils croient régler les choses ainsi et les faire disparaître. C’est naïf – ou arrogant!»
Relevant la polarisation au sein des institutions ecclésiales, les prises de position contradictoires des ministres de l’Eglise à propos des déclarations du pape François, il a fustigé «la proximité de certains prélats avec le populisme politique de droite, la vision autocentrée des catholiques suisses sur l’Eglise et leur prétention à ce que celle-ci fasse autorité pour l’Eglise universelle». Ce ne sont pour lui que quelques-uns des sujets très difficiles à traiter et à transmettre médiatiquement. Et tout ceci, dans un environnement éloigné de l’Eglise, dans des médias séculiers qui n’ont un intérêt pour l’Eglise que lorsque celle-ci produit des scandales.
Plaidoyer pour l’»évangélisation journalistique»
Plaidant pour un journalisme de qualité – «nous avons besoin de compétence et de connaissances; nous avons besoin d’éclaircissements et d’explications; nous avons besoin de savoir remettre les choses à leur juste place» – il affirme surtout «le besoin de plus de substance et de liberté d’action pour des têtes intelligentes, plus recherchées que jamais dans le journalisme. Et encore plus dans l’Eglise, si celle-ci veut retrouver sa crédibilité!»
Mariano Tschor affirme en conclusion que les trois centres médiatiques catholiques, Cath-Info à Lausanne, le KMZ à Zurich et la Comec à Lugano, ont le devoir de garantir cette liberté d’action pour proposer de l’»évangélisation journalistique» et pas seulement des articles sur l’actualité. Il a remercié «Monseigneur Ducarroz» pour avoir toujours réussi à mettre franchement la «Bonne Nouvelle» au cœur de son travail médiatique, «à appeler sans crainte un chat un chat».
Appeler un chat un chat!
Rétorquant avec humour au plaidoyer de Mariano Tschuor, le lauréat du Prix «Good News» s’est dit d’acccord d’appeler un chat un chat, tout en demandant qu’on l’appelle «chat-noine Claude Ducarroz et pas Monseigneur!» Adressant son «bouquet de mercis» à tous ceux qui l’ont soutenu, il a décerné à son tour une mention spéciale à Gabrielle Desarzens pour ses reportages sur la situation des migrants, ainsi qu’à la série Plaît-il, en lice pour l’édition 2020 du Prix «Good News». Il a aussi évoqué le courage nécessaire aux chrétiens, au milieu des autres humains, «qui doivent être en première ligne comme apôtres de fraternité universelle, que ce soit en communion de foi dans l’Eglise et en solidarité de partages en pleine humanité».
Cela signifie qu’il faut du courage pour «voir l’Eglise et la société telles qu’elles sont, donc problématiques et par conséquent perfectibles, chacune à sa manière», pour «oser exprimer franchement nos attachements ombilicaux et affectifs – j’aime l’Eglise, j’aime mon Eglise -, et aussi nos désirs de profondes réformes, aussi rapidement que nécessaires et donc le moins lentement que possible».
«55 ans d’heureux ministère dans mon Eglise et au-delà»
Rappelant ses «55 ans d’heureux ministère dans mon Eglise et au-delà», il a dit plébisciter l’investissement de la communion critique. «Pas en rouspétant au bord du terrain parmi des spectateurs de canapé, ni en jouant les infaillibles dans les arrière-boutiques ecclésiastiques, mais en mouillant la chemise évangélique dans la lutte exigeante, dans les risques de la créativité pastorale et dans la contemplation priante. C’est ainsi que j’essaie de m’exprimer et de m’engager, sans prétention et sans ‘officialité’, à la fois dans une Eglise œcuménique et populaire, et pour une société plus juste et plus fraternelle, notamment à l’égard des petits, des oubliés et des douloureux de ce monde. (cath.ch/be)
Un score serré
Le site cath.ch publie chaque printemps une liste de trois nominés en lien avec le Dimanche des médias. Cette liste est établie sur la base de propositions recueillies à l’interne pour distinguer soit un produit médiatique, soit une personnalité. Cette année ce furent donc Gabrielle Desarzens pour son engagement auprès des réfugiés, la série Plaît-il de Réformés.ch et le chanoine Claude Ducarroz, «pour son sens de la communication», a déclaré Bernard Litzler. Le directeur de Cath-Info s’est dit «doublement heureux d’accueillir le lauréat de cette année», car le score a été serré entre les deux prétendants à la victoire, Claude Ducarroz et Gabrielle Desarzens, journaliste de RTSreligion. Le choix des internautes s’est porté à 55,6% sur Claude et à 41,8% sur la Gabrielle Desarzens. JB