Lausanne: Mercredi des cendres œcuménique à St-François
Protestants et catholiques lausannois ont vécu en commun le 2 mars 2022, leur entrée en carême par un office des cendres à l’église St-François. Un démarche œcuménique inédite qui s’inscrit dans le cadre des festivités du 750e anniversaire de l’église.
Pour Jean-François Ramelet, pasteur du lieu, entrer ensemble dans le temps de la Passion – revêt une signification toute particulière en cette année anniversaire. Même si le mot de pénitence n’est pas le plus cité dans le protestantisme, il résonne fort en ces temps actuels «pour nous réveiller de nos somnolences et de nos compromissions».
Devant la septantaine de personnes rassemblées dans l’église du centre-ville, l’abbé Marc Donzé a repris le sens du carême comme un temps de combat. Non pas un ‘combat contre’, mais un ‘combat pour’. Les trois exigences traditionnelles de ce temps: le jeûne, l’aumône et la prière doivent être autant d’ouvertures, vers soi-même, vers l’autre, proche ou lointain, et vers Dieu.
Des cendres saupoudrées d’or
A la traditionnelle formule de l’imposition des cendres: «Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière», il préfère dire «que tu deviendras lumière» dans le Christ ressuscité. Pour illustrer son propos, l’abbé a mêlé quelques «paillettes d’or» à la coupe de cendres.
Les participants se sont ensuite avancés pour recevoir sur le front l’imposition des cendres, un rite qui n’existe pas chez les protestants. La célébration s’est conclue par la prière commune du Notre-Père et la bénédiction œcuménique.
Bannie en 1536, la messe revient à Saint-François
La cérémonie des cendres ouvrait le programme «Incrociato», qui se tiendra pendant le carême. Six cultes et messes seront donnés en alternance dans l’église protestante lausannoise chaque samedi.
On n’avait plus célébré de messe catholique depuis 1536 dans l’église Saint-François au moment où la Réforme en avait chassé les Franciscains. Les 750 ans de l’édifice offrent une occasion rêvée pour y réunir à nouveau les deux confessions qui se sont succédé dans ces murs. «Ce sont les Franciscains qui ont construit et habité St-François, ce lieu se doit d’être interconfessionnel. Il est temps de colmater les brèches», commente le pasteur Jean-François Ramelet.
Saint François, au-delà de la légende
Aux messes et cultes, pendant lesquels la prédication sera tenue par un membre de l’autre confession, s’ajouteront deux grandes conférences sur la personne et la pérennité de saint François d’Assise. Michel Grandjean, professeur d’histoire du christianisme à l’Université de Genève, évoquera François d’Assise au-delà de la légende (16 mars), et le Père Mauro Jöhri, ancien ministre général des capucins, axera son propos sur le lien entre le Poverello et l’institution (30 mars).
Chevalet, planches et haïkus
L’aspect artistique revient à Ignazio Bettua qui a imaginé exposition «Incrociato» déclinée sous forme de panneaux dans le chœur de l’église et dans un petit livre. A partir d’un chevalet de peintre et de quelques planches, l’artiste, proche de la spiritualité franciscaine, a développé des variations sur le thème la croix de San Damiano, accompagnées de brefs versets méditatifs de Marc Donzé selon la tradition japonaise des haïkus. (cath.ch/mp)