Lausanne: L'EERV ne soutient pas l'occupation de l'église St-Laurent
Lausanne, 12 mars 2015 (Apic) L’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) ne soutient pas l’occupation, depuis le 8 mars 2015, de l’église St-Laurent à Lausanne, par six requérants d’asile menacés de renvoi. L’EERV accuse le Collectif R, à l’origine de l’action, d’instrumentalisation politique.
«Ce qui se passe à Saint-Laurent est une démarche politique qui instrumentalise un petit groupe de migrants», a déclaré Xavier Paillard, président du Conseil synodal, à l’agence de presse protestante Protestinfo. Tout en assurant que l’EERV travaille également à la protection des personnes, le porte-parole conteste les méthodes du collectif en matière de refuge. «Nous avions une solution qui se dessinait en dehors de l’agglomération lausannoise, mais le collectif a refusé, car c’était trop compliqué et que cela manquait d’impact médiatique», a révélé le responsable protestant.
Manifestation de soutien
Près de 200 personnes ont manifesté le 11 mars devant l’église pour soutenir l’action du Collectif R. Six requérants d’asile érythréens et éthiopiens, dont la Suisse refuse de statuer sur le cas, occupent le temple du centre-ville lausannois.
«Je préfère mourir en Erythrée que vivre en Italie», déclarait le 9 mars devant la presse l’un des six migrants. Ce jeune déserteur risque dans son pays torture, prison à vie, voire exécution, mais il s’est déclaré davantage traumatisé par le traitement qui lui a été réservé par les services de l’immigration italiens. Or, en vertu des accords de Dublin, c’est vers ce pays que la Suisse veut le renvoyer. En effet, cet accord international prévoit qu’en principe, le pays par lequel un requérant d’asile est entré dans l’Espace Schengen est responsable de statuer sur la demande.
Des situations emblématiques
Une autre migrante, en larmes, a raconté comment, depuis qu’elle est arrivée à Saint-Laurent, elle a enfin pu suivre correctement son traitement médical. Dans les abris mis à disposition par les autorités, elle n’avait pas accès à la nourriture dont une prise conjointe est nécessaire à son médicament. Présentée comme traumatisée par le collectif qui accompagne les occupants de l’église, elle est menacée de renvoi vers un pays européen, sans que son cas n’ait été examiné sur le fond par les autorités suisses.
Pour le collectif, les cas des personnes occupant St-Laurent sont emblématiques des situations vécues actuellement en Suisse par les migrants. Le mouvement demande un moratoire sur le renvoi de personnes vers l’Italie et un moratoire des personnes ayant des problèmes de santé physique ou psychique.
Des demandes régulières ont été faites aux autorités des Eglises réformées et catholique pour trouver un lieu pour établir ce refuge, a expliqué à Protestinfo Graziella de Coulon, militante pour les droits des migrants. Mais le Eglises se sont avouées incapables de trouver une paroisse prête à les accueillir. Raison pour laquelle une occupation spontanée a été décidée. (apic/protestinfo/ag/rz)