Lausanne: Un cheveu de Jean Paul II à l'honneur
Une relique de saint Jean Paul II, sous la forme d’un cheveu, sera installée le dimanche 13 mars 2016, en l’église St-Etienne de Lausanne. Une manière, dans le cadre de cette Année sainte, de rendre hommage à ce pape qui a «vécu parmi nous la miséricorde de Dieu», explique l’abbé Célestin Kabundi, curé modérateur de St-Etienne.
La cérémonie d’installation sera présidée par Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF).
Le cheveu du pape canonisé en 2014 a été transmis à la communauté polonaise de Lausanne par l’intermédiaire de l’ancien secrétaire du pontife polonais, Mgr Mieczyslaw Mokrzycki, aujourd’hui archevêque latin de Lviv, en Ukraine. Le projet d’installation de la relique à Lausanne a vu le jour suite à une rencontre entre des responsables de la communauté et le prélat polonais. Le cheveu sera placé dans un reliquaire en forme de flamme, symbolisant le feu de l’amour, indique à cath.ch le Père Karol Ciurko, curé de la communauté polonaise, dont le siège se trouve sur le territoire de la paroisse St-Etienne.
Un artisan de la tendresse de Dieu
La demande d’installation de la relique, faite à la paroisse par la communauté, a été lancée en mai 2014, avant la convocation par le pape François de l’Année sainte de la miséricorde. «Et il s’est agi là d’une heureuse coïncidence», souligne le Père Kabundi, qui précise que le projet a ainsi gagné en pertinence, encourageant du même coup son approbation par la paroisse.
De nombreuses générations ont été marquées par le pontificat de Jean Paul II, explique le curé. «Il a été un artisan de la tendresse de Dieu». L’un des objectifs de la démarche est de rappeler le modèle de sainteté du pape polonais, qui s’est tenu jusqu’au bout dans la miséricorde du Seigneur. «Il a témoigné de cet amour du Christ qui dépasse les frontières», affirme l’abbé Kabundi, qui relève que Jean Paul II a introduit le second dimanche de Pâques consacré à la miséricorde.
Le curé espère ainsi que l’exposition de la relique encouragera encore davantage les paroissiens à méditer sur la miséricorde, une force «dont le monde actuel a tellement besoin».
Ouverture à de nouvelles formes de prière
Luisa Wilhelm, présidente du Conseil de communauté, souligne qu’un certain nombre de paroissiens ont été perplexes face à l’installation de la relique. Beaucoup ne sont pas habitués à cette forme de vénération, «pas vraiment dans l’esprit de la communauté», admet-elle. Elle perçoit malgré cela la démarche comme une ouverture à de nouvelles formes de prières et de visions de la foi. La responsable de paroisse estime que l’initiative de la communauté polonaise peut ainsi renforcer le désir d’unité entre une communauté de base et des fidèles issus d’autres milieux culturels, possédant une sensibilité religieuse parfois différente. Elle assure en tout cas que la préparation de la fête de dimanche se passe «dans un très bon esprit», où chacun donne de son temps et de son énergie.
Reliques
Du latin reliquiae (restes), les reliques sont ce qui reste d’une personne honorée comme un saint (éléments corporels, objets lui ayant appartenu ou ayant touché son tombeau, instruments de son supplice) et que l’on conserve avec vénération.
Le culte rendu aux reliques, qui s’adresse en réalité aux saints, est un culte de dulie et non d’adoration (ou latrie), réservé à Dieu seul. Il remonte aux martyrs des premiers siècles sur les tombeaux desquels les chrétiens venaient prier et célébrer la messe. Dans l’histoire, il est arrivé que les reliques, vraies ou fausses, fassent l’objet d’un véritable trafic. (source: Théo. L’encyclopédie catholique pour tous)
Saint Jean Paul II
Karol Wojtyla nait à Wadowice, au sud de la Pologne, le 18 mai 1920. Il est marqué dans sa jeunesse par la disparition de tous ses proches.
Avant d’entrer au séminaire, il suit des études de lettres à l’Université Jagellon de Cracovie. Le travail obligatoire imposé par l’occupant nazi interrompra ses études. A partir de la rentrée de 1940 et pendant presque 4 ans, il travaille comme ouvrier dans une carrière de pierre, puis dans une usine chimique, tout en étudiant parallèlement au séminaire de Cracovie, dès 1942. Le jeune ouvrier intègre une troupe théâtrale d’avant-garde qui déploiera ses activités dans la clandestinité.
Il est ordonné prêtre en 1946 et poursuit ses études à Rome, à l’Université pontificale de l’Angelicum. Il est rappelé à Cracovie en 1949 pour y exercer une activité pastorale. Professeur vacataire à l’Université de Lublin, à l’est de la Pologne en 1954, il devient titulaire de la chaire d’éthique en 1957.
Le Père Wojtyla est ordonné évêque auxiliaire de Cracovie le 28 septembre 1958. Comme tout évêque catholique, il est convoqué au Concile Vatican II (1962-1965).
Ouvrier du Concile
C’est pendant le Concile, le 13 janvier 1964, que Paul VI nomme Mgr Wojtyla archevêque de Cracovie. Mgr Wojtyla recevra du même pontife le cardinalat en 1967. A la mort de Paul VI, le 6 août 1978, Mgr Wojtyla est cardinal électeur et prend part au conclave. Jean Paul Ier est élu le 26 août 1978, mais meurt un mois plus tard. Le cardinal Karol Wojtyla est élu pape le 16 octobre 1978 et prend le nom de Jean Paul II.
II se fixera comme objectif la mise en œuvre du concile Vatican II. Dans cette perspective, il réforme le droit de l’Eglise catholique par la promulgation du nouveau Code de droit canonique, en 1983. Il offre en outre un exposé des fondamentaux de la foi catholique, par la publication du Catéchisme de l’Eglise catholique en 1992. C’est encore l’héritage du concile qui explique l’attachement de Jean Paul II à l’effort œcuménique. L’encyclique Ut unum sint de 1995 ouvre aux communautés chrétiennes non catholiques la discussion sur les modalités d’exercice du ministère pontifical.
Les efforts de rapprochement avec le judaïsme et le dialogue interreligieux sont aussi des aspects de son pontificat à situer dans la perspective du Concile.
Infatigable voyageur
Jean Paul II multiplie ses voyages à travers le monde, faisant de chacun d’eux un événement médiatique. Polyglotte et d’un grand charisme, il attire les foules. Au total, il réalise 104 voyages à l’étranger et 146 visites pastorales en Italie. L’attentat dont il est victime en mai 1981 sur la place Saint-Pierre ne l’arrête pas dans ces voyages.
Sa santé s’affaiblit à partir de sa fracture du fémur en 1994. Peu après, il est atteint par la maladie de Parkinson. Ses ennuis de santé s’aggravent début 2005. Après deux hospitalisations, Jean Paul II meurt au Vatican le 2 avril 2005.
Il est béatifié par Benoît XVI en mai 2011 et canonisé par le pape François en avril 2014. (cath.ch-apic/rz)