Le vice-commandant de la Garde Suisse forme les jeunes recrues | © HLefèvre I.MEDIA
Suisse

«L’arme principale de la Garde Suisse, c’est la parole»

Lundi 6 mai 2024, 34 nouvelles recrues de la Garde Suisse prêteront serment au pape François. «Nous sommes formés à différentes techniques de combat, mais l’arme principale de la Garde, c’est la parole» explique le caporal Eliah Cinotti, porte-parole de la Garde.

Hugues Lefevre I.MEDIA

Au cœur du Vatican, dans la caserne de la Garde Suisse, c’est l’effervescence. À quelques jours de la prestation de serment des nouveaux gardes, les soldats de la plus petite armée du monde sont sur le pont. Aucun détail n’est laissé au hasard en vue de la cérémonie traditionnelle du 6 mai. Dans la salle d’armes, une fois encore, on badigeonne de graisse les cuirasses métalliques qui constituent un des éléments du mythique uniforme de cette armée de 135 hommes au service des papes depuis 1506. Dans une pièce attenante patientent sur des cintres les fameux uniformes de gala aux bandes bleues et jaunes et aux manchettes rouges.

Avec l’aide d’anciens, les jeunes recrues parviennent à revêtir l’armure qui pèse environ 15kg. «Le poids de l’histoire», souffle l’un d’eux qui se rappelle que le 6 mai commémore les 147 hallebardiers suisses tués par les troupes de Charles Quint qui menaçaient le pape Clément VII. 

Un jeune Garde aidé par ses camarades pour enfiler sa cuirasse | © HLefèvre I.MEDIA

Dans la cour de la Garde ornée des drapeaux des cantons suisses, on répète les mouvements du piquet. Inlassablement, devant l’œil vigilant de deux officiers, les nouvelles recrues exécutent les maniements de la hallebarde et enchaînent les allées et venues au rythme des tambours, dans une synchronisation qui doit tendre à la perfection. Lundi prochain, c’est dans la cour Saint-Damase, l’une des plus belles du Vatican, que les 34 soldats entreront aux sons des trompettes pour jurer fidélité au pape. 

«Devant le drapeau, ce sera le cerveau sur off»

«La première fois que j’ai touché une hallebarde, ça paraissait impossible de faire comme les autres», confie Gaël, arrivé le 1er janvier pour servir le pontife. Peu à peu, à raison de huit entraînements de 3 heures, la mécanique du piquet s’est huilée et le jeune homme originaire de la commune de Saint-Aubin est désormais confiant sur sa capacité à se fondre dans le mouvement du peloton.

À 21 ans, Gaël se prépare à prêter serment dans son uniforme de gala | © HLefèvre I.MEDIA

À 21 ans, il sera l’un des 16 francophones de la nouvelle promotion à s’avancer devant le drapeau de la garde et prononcer la formule du jurement, trois doigts levés au ciel. Devant sa famille et des amis venus de Suisse, le moment solennel sera chargé d’émotions. «Quand je serai appelé pour aller devant le drapeau, ce sera le cerveau sur ‘off’… Puis il se rallumera deux minutes plus tard, quand je serai de nouveau dans les rangs», se projette le jeune homme. 

Gaël a découvert la caserne il y a plusieurs années lors d’un voyage à Rome avec sa paroisse. «J’ai laissé cela de côté le temps que je finisse mes études», explique celui qui s’est mis à repenser à servir le pape lors de sa formation en tant que menuisier. Puis il a postulé, a passé la sélection et rejoint la caserne où se mélange «toute la Suisse», sourit-il. 

Formés aux techniques de combat

Les deux premiers mois furent consacrés à la formation. D’abord à Rome, avec la découverte des différents services de la Garde et de l’environnement du Vatican, des cours d’italien intensifs, des exercices de mouvements et de marche. Ensuite en Suisse, dans le canton du Tessin, où les jeunes recrues ont été prises en charge par des instructeurs de la police pour une formation aux armes et à l’autodéfense. 

Engagé pendant au moins 26 mois dans cette armée catholique, le jeune Gaël, qui n’avait jamais quitté la maison auparavant, sait qu’il repartira de Rome avec une nouvelle maturité. 

«Le niveau de formation de la Garde est le point le plus important, il nous permet de garantir un service de A à Z», abonde le caporal Eliah Cinotti, porte-parole de la Garde. «Nous sommes formés à différentes techniques de combat, mais l’arme principale de la Garde, c’est la parole», témoigne le Suisse arrivé à Rome en 2019, et qui souligne l’importance de la formation psychologique des gardes. 

«Aux portes du Vatican, beaucoup de personnes désespérées viennent, des gens qui ont perdu leur emploi, d’autres qui peut-être veulent mettre fin à leurs jours, d’autres encore qui se prennent pour Jésus, saint Pierre ou saint Paul…», raconte-t-il. «Nous devons être une oreille attentive, les écouter, les orienter, trouver des solutions».

Rendre compte de leur foi catholique dans les services

24h sur 24, tous les jours de l’année, les hommes de la petite armée protègent le pape François et sa résidence, gardent les entrées officielles de la Cité du Vatican et assurent un service d’ordre et d’honneur. Les sous-officiers et officiers accompagnent par ailleurs le pontife dans ses voyages à l’étranger, en collaboration étroite avec la gendarmerie vaticane. 

Un Garde suisse badigeonne de graisse la cuirasse d’une recrue | © HLefèvre I.MEDIA

Lundi prochain, les 34 nouvelles recrues rencontreront le pape François brièvement avant de prêter serment. L’an passé, le pontife argentin avait exprimé toute sa reconnaissance à ces jeunes qui le protègent discrètement au quotidien. Il avait demandé à la promotion 2023 de «rendre compte» de leur foi dans les différents lieux de services. 

«Sur le visage de ceux que vous approchez chaque jour, qu’ils soient membres de la Curie romaine, pèlerins ou touristes, vous trouvez autant d’invitations à reconnaître et à partager l’amour de Dieu pour chacun», avait-il dessiné comme mission. (cath.ch/imedia/hl/mp)

Le vice-commandant de la Garde Suisse forme les jeunes recrues | © HLefèvre I.MEDIA
3 mai 2024 | 13:15
par I.MEDIA
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