Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Rio de Janeiro en 2013 (photo Flickr Fagundes CC BY 2.0)
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L'archevêque de Varsovie invite les jeunes à venir nombreux aux JMJ

Mgr Kazimierz Nycz, archevêque de Varsovie, invite les jeunes du monde entier à ne pas avoir peur et à venir nombreux aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Cracovie, au sud de la Pologne, du 25 juillet au 1er août. Le prélat donne également son avis sur la dernière exhortation du pape François, Amoris laetitia, et sur la problématique des réfugiés.

Les JMJ commencent dans moins de deux mois: de quelle façon vous préparez-vous à l’événement?

Mgr Kazimierz Nycz: Le point le plus important est la préparation pastorale et spirituelle pour ces JMJ. Malheureusement, les médias ne parlent pas beaucoup de cet aspect, malgré le fait qu’en Pologne nous y travaillons pleinement, notamment au niveau des diocèses dans lesquels les jeunes seront accueillis la semaine précédant la rencontre avec le pape, et plus spécialement dans celui de Cracovie et dans les diocèses voisins. Nous ne préparons pas uniquement des programmes culturels, religieux et spirituels, nous essayons également d’aider ces jeunes à connaître les régions où ils vont aller. Cracovie a beaucoup à montrer au monde en termes de culture et d’art, mais surtout au niveau spirituel, avec des figures telles que Jean Paul II. Il y a un sanctuaire qui lui est dédié, le sanctuaire de la Divine miséricorde.

«Venez, n’ayez pas peur et vous serez comblés»

Mais les JMJ constituent avant tout une expérience de l’Eglise universelle présente dans toutes les nations et cela est très important pour les jeunes. Il y aura finalement une rencontre avec le pape François, que les jeunes Polonais attendent avec enthousiasme. La bienvenue réservée au pape François sera comparable à celle donnée à Jean Paul II. Je souhaite dire aux jeunes du monde entier: «venez, n’ayez pas peur et vous serez comblés».

Les médias polonais ont parlé de risques d’attentats. Quel est votre point de vue?

Je voudrais tranquilliser tout le monde. Les récents événements de Paris et de Bruxelles, en particulier, effraient le jeunes et leurs parents. Je peux comprendre ce qu’ils ressentent, mais je suis sûr que l’Etat et les forces de sécurité sont capables de protéger la population et de s’assurer que les JMJ se déroulent sans problèmes. La sécurité ne peut pas être garantie à 100%, mais ce serait un trop grand succès pour les terroristes de nous forcer à restreindre où à annuler les événements.

(…)

Une autre actualité est la publication de l’exhortation apostolique Amoris laetitia. Comment les gens y ont réagi en Pologne?

Les fidèles, les prêtres et les évêques ont réagi à l’exhortation d’une manière calme et positive. Des médias et des groupes de laïques ont essayé de surinterpréter le texte en termes idéologiques. Ainsi, certains disent «cela ne va pas assez loin», alors que d’autres disent «cela va trop loin». Les médias se concentrent trop sur le huitième chapitre (qui parle du discernement des situations appelées «irrégulières», ndlr.). Dans notre diocèse, nous avons beaucoup œuvré au niveau des fidèles et des prêtres, en essayant de baser notre réflexion sur trois mots-clé de l’exhortation: la préparation au mariage, les conseils conjugaux, et le discernement. (…)

Le discernement est toujours le point sensible…

Dans le discernement de certaines situations, il est important de donner des possibilités aux gens qui ont été incapables de rester fidèles dans leur mariage. Il faut leur mettre à disposition tous les moyens existant dans l’Eglise. Ce que nous lisons à propos de cela dans Amoris laetitia est une continuation des jalons posés par Jean Paul II, ce n’est pas un changement (…)

«Nous devons aider ces gens qui fuient la guerre»

Ce document est très pratique, car il maintient le concept de base de la sacramentalité et de l’indissolubilité du mariage, et il est très utile d’un point de vue pastoral. Dans son interview, le pape François souligne qu’il compte beaucoup sur les conseils des laïcs pour aider les pasteurs dans le cadre du discernement, en définissant des critères clairs et objectifs. Je ne pense pas que cela devrait être laissé au seul jugement subjectif des confesseurs.

L’immigration est un grand sujet de débat actuellement. Que pensez-vous de l’attitude du gouvernement polonais et des pays d’Europe de l’Est en général?

(…) L’Eglise et la Conférence épiscopale distinguent clairement les réfugiés fuyant la guerre- des gens échappant à la mort et qui n’ont nulle part où aller – de ceux qui recherchent une vie meilleure et plus de revenus. Ce dernier cas de figure a poussé les Polonais, sous l’ère communiste, il y a une trentaine d’années, à émigrer. Les Italiens, les Allemands, les Autrichiens nous avaient alors accueillis. Et aujourd’hui encore, plus de deux millions de Polonais travaillent à l’étranger. Je voudrais aussi rappeler qu’il y a, en Pologne, un afflux considérable d’immigrants venant d’Ukraine. Ils sont plus d’un million. Un minuscule pourcentage de ceux-ci sont des réfugiés de guerre du Donbass, à l’est de l’Ukraine. (…) A mon avis, nous devons aider ces gens qui fuient la guerre! (…) La question est de savoir comment et où les aider. Nous devons le faire correctement.

On parle de risques d’islamisation…

La Pologne a accueilli des réfugiés musulmans du Caucase depuis 15 ans. Il y en a eu jusqu’à 90’000, il en reste aujourd’hui 25’000. Certains sont rentrés chez eux, d’autres sont partis à l’Ouest. Je ne me souviens pas que leur arrivée ait causé de quelconques problèmes religieux ou sociaux. Alors, je dirais que nous sommes prêts. (…) Je ne veux pas donner d’opinion politique sur ce que font les gouvernements d’Europe de l’Est, mais si la situation s’aggrave, je ne pense pas que le gouvernement polonais restera indifférent aux paroles de l’Evangile: «j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli».

On a dit que les paroles du pape François, particulièrement celles qui concernent les prêtres, ne sont pas bien reçues dans l’Eglise polonaise. Est-ce vrai?

Je ne pense pas. Bien qu’il n’y ait aucun doute sur le fait que la réaction des laïcs envers lui ait été différente de celle des prêtres. J’y vois un certain nombre de raisons. D’après ce que j’ai pu lire sur le pape François et sur l’Amérique latine, j’ai tiré les analogies suivantes: après quatre ans en tant que pape, en termes d’acceptation, la situation du pape François est similaire à laquelle Jean Paul II était confrontée. Je le dis avec la plus grande prudence possible: en Amérique latine, Jean Paul II a été reçu de manière enthousiaste par les laïcs, à cause de la Théologie de la libération et à causes d’autres raisons. Mais les évêques et les prêtres l’ont accueilli…différemment!


Enthousiasme en Pologne

Interrogé par Radio Vatican, l’archevêque de Cracovie et ancien secrétaire de Jean Paul II, le cardinal Stanislaw Dziwisz, a assuré qu’il existe un grand enthousiasme, en Pologne, pour la venue du pape François.

Deux mois avant les JMJ, il y a beaucoup d’attente de la part du pape, pour venir en Pologne rencontrer les jeunes du monde entier, sur la terre de Karol Wojtyla…

Mgr Stanislaw Dziwisz: J’ai eu cette joie et ce don d’être reçu par le Saint-Père, le 4 juin. Je voulais encore une fois répéter l’invitation à Cracovie, en Pologne, et aussi lui donner les dernières nouvelles relatives au déroulement de la préparation. Je lui ai dit qu’il y a un grand enthousiasme, et ceci non seulement en Pologne, et ceci bien sûr se comprend, mais dans le monde entier. Il y a des groupes provenant de 194 pays, et aussi de nombreux évêques, ils sont déjà 930! Ils désirent certainement venir à Cracovie pour rencontrer le Saint-Père, mais je pense aussi qu’ils veulent venir ici justement en cette Année de la miséricorde, parce que Cracovie est la capitale de la Divine Miséricorde. C’est là que Jésus-Christ a donné des messages pour le monde entier. Il les a donnés à sœur Faustine, mais qu’est-ce qu’elle pouvait faire seule, elle? Et alors est venu aussi un autre apôtre, Jean Paul II, qui a porté au monde entier ce message, ce feu sur la dévotion à la Divine Miséricorde. Et maintenant aussi le pape François avec ce même thème, celui de la miséricorde. Je pense que les jeunes recevront ce message qu’ils porteront ensuite dans le monde entier. Ce sera le fruit de ces JMJ: le message de la miséricorde. Sœur Faustine dit: «Si vous voulez la paix, vous devez vous adresser à la Divine Miséricorde».

Jean Paul II est le «saint des jeunes», il est l’inventeur des JMJ, et le pape François est très aimé des jeunes: ces deux figures extraordinaires se retrouveront ensemble dans ces JMJ…

On voit certainement une continuité: Jean Paul II a commencé, Benoît XVI l’a suivi, et maintenant le pape François. Jean Paul II a vu que les jeunes cherchent, demandent : il faut leur donner des réponses, les guider. Les jeunes ont besoin d’un bon pasteur, de bons pasteurs. Et c’est ce qui se réalise ici.

(…)

Cracovie, le diocèse, les fidèles, tous les jeunes, sont un grand ferment pour ce grand évènement?

Certainement! En Pologne, il y a un grand intérêt. Mais je vois que c’est dans le monde entier. Je pense spécialement aux Italiens. Il y en a tellement, tellement de prévus… Et puis la nouveauté des Français: ils se sont beaucoup «réveillés», mais aussi les Allemands. La préparation est à un bon point. L’unique chose: nous devons prier afin qu’il fasse beau! (cath.ch-apic/va/rv/rz)

Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Rio de Janeiro en 2013 (photo Flickr Fagundes CC BY 2.0)
8 juin 2016 | 15:35
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 6  min.
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