Le cardinal Barbarin a dû se défendre devant  la justice | © Maurice Page
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L'archevêque de Lyon reconnaît avoir commis des «erreurs» dans le dossier Preynat

Le cardinal Philippe Barbarin, ainsi que six autres personnalités de l’Eglise, devrait être jugé début 2018 pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs dans le cadre de l’affaire du Père Bernard Preynat. L’archevêque de Lyon reconnaît avoir, dans ce dossier, commis des «erreurs».

S’il admet avoir effectivement fait des «erreurs» en ne relevant pas le Père Preynat de son ministère en raison du caractère «très ancien» des faits reprochés, le cardinal Barbarin souligne cependant n’avoir «rien couvert du tout». Il le réaffirme dans un entretien publié samedi 12 août 2017 dans le quotidien français Le Monde. La décision de retirer le Père Preynat de sa paroisse est devenue effective à l’été 2015.

Dans le collimateur de La Parole libérée

Accusé par des victimes du Père Bernard Preynat, réunies au sein de l’association La Parole libérée, d’avoir tardé à prendre des mesures suite à des actes de pédophilie, l’archevêque de Lyon reconnaît que face à la pédophilie, sa réponse n’était «pas à la mesure de l’enjeu».

Le cardinal Barbarin devrait comparaître le 19 septembre prochain devant le tribunal correctionnel de Lyon à la demande de victimes présumées du Père Preynat, un prêtre lyonnais soupçonné d’agressions sexuelles sur de jeunes scouts dont il avait la charge entre 1986 et 1991. L’archevêque de Lyon a déjà été visé par des plaintes pour non dénonciation, mais elles ont été classées sans suite en août 2016.

«Je réalise aujourd’hui que ma réponse d’alors n’était pas à la mesure de l’enjeu», déclare l’archevêque de Lyon dans l’interview publiée par «Le Monde», en expliquant qu’il avait été confronté à la question d’un signalement de faits qui dataient «d’il y a quinze ou vingt ans».

«Quand, en 2007, de façon informelle, je suis mis au courant de certains faits reprochés au Père Preynat dans les années 1980, celui-ci me promet qu’il n’y a rien eu depuis 1991. J’ai cherché à vérifier, et on n’a rien trouvé», affirme le cardinal Barbarin. Il relève que «pour l’instant, pas un seul fait n’a été prouvé après 1991».

«Aujourd’hui, on n’agirait plus comme cela»

«Aujourd’hui, on n’agirait plus comme cela», dit le cardinal Barbarin en soulignant qu’il a, à deux reprises, suspendu des prêtres et saisi la justice lorsqu’il a eu connaissance de faits récents, en 2006 et en 2014.

Le cardinal Barbarin, estimant «injuste» qu’on lui reproche d’avoir dissimulé les faits, rappelle dans les colonnes du Monde que «comme l’ont dit et redit les magistrats du Parquet, je n’ai rien couvert du tout». Il souligne avoir mis en place des mesures de contrôle et de prévention renforcées dans son diocèse et précise que le procès canonique  concernant cette affaire, qui est interne à l’Eglise, est désormais suspendu pour respecter la procédure judiciaire en cours.

«Un acharnement qui se trompe de cible»

Dans un communiqué publié sur son site mercredi 24 mai, le diocèse de Lyon avait déjà regretté «qu’une nouvelle action de justice ait été préférée à un dialogue, pourtant plusieurs fois proposé à La Parole Libérée«. Il déplorait «un acharnement qui se trompe de cible et qui disperse les énergies inutilement au regard de l’objectif commun: la lutte contre la pédophilie». Il rappelait que lors de leur classement sans suite, les magistrats avaient estimé, entre autres, que le cardinal Barbarin n’avait nullement entravé les démarches de la justice et que plusieurs des personnes mises en cause avaient déclaré avoir invité les plaignants à déposer plainte. (cath.ch/leMonde/be)

 

 

Le cardinal Barbarin a dû se défendre devant la justice | © Maurice Page
12 août 2017 | 16:55
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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