L'appartenance protestant-catholique, toujours un enjeu en politique
En Suisse, la rivalité entre protestants et catholiques est depuis longtemps dépassée. En politique, ces appartenances continuent cependant de jouer un rôle.
La guerre du Sonderbund, en 1847, a été le point culminant de l’antagonisme qui subsistait depuis des siècles, en Suisse, entre protestants et catholiques. Dès la seconde partie du 20e siècle, les deux principales confessions du pays ont cependant effectué un profond et solide rapprochement.
L’appartenance confessionnelle reste pourtant un élément à prendre en compte dans la société suisse. Le site d’information Swissinfo présente ainsi le 16 juillet deux récents exemples où ce paramètre a joué un rôle.
Risque de «déséquilibre confessionnel»?
Le premier concerne l’annonce faite en mai 2021 du projet d’établissement d’une ambassade de Suisse près le Saint-Siège. La Confédération ne possède actuellement pas de représentation propre auprès du plus petit Etat du monde. Les intérêts suisses sont représentés par l’ambassadeur en poste en Slovénie.
La démarche a donc provoqué des réactions dans les milieux protestants. Rita Famos, présidente de l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS), a publiquement considéré qu’un tel projet faisait courir le risque d’un «déséquilibre confessionnel». La pasteure a relevé que l’établissement d’une ambassade donnerait à l’Eglise catholique romaine un accès direct aux autorités suisses, un avantage dont ne disposent pas les protestants.
Dans le quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung (NZZ), la responsable protestante a ainsi avancé l’idée d’une personne de contact pour les relations entre l’EERS et la Suisse officielle. «Bien sûr, nous avons un statut différent de celui du Saint-Siège en vertu du droit international. Mais nous sommes la deuxième plus grande communauté religieuse du pays avec un ADN explicitement suisse», a justifié la présidente de l’EERS.
La Garde suisse, un patrimoine à soutenir?
Outre l’ambassade, un crédit de la Confédération de 5 millions de francs pour la reconstruction de la caserne de la Garde suisse doit être discuté au Parlement.
La Garde pontificale, constituée depuis des siècles par de jeunes catholiques suisses, est généralement perçue comme une fierté nationale. Elle ne bénéficie cependant pas pour autant d’un soutien inconditionnel dans le monde politique.
Des protestations se sont faites jour contre les 5 millions projetés pour la nouvelle caserne. Récemment, une initiative parlementaire demandant que les gardes pontificaux soient exonérés de la taxe militaire suisse durant leur service au Vatican, a également été rejetée. Le député démocrate du centre (UDC) valaisan Jean-Luc Addor estimait que les gardes devaient en bénéficier «en remerciement pour l’image positive qu’ils donnent de la Suisse».Une demande dont l’enjeu «transcende largement les frontières confessionnelles».
Pas de Sonderbund au Parlement
Les opposants n’ont pourtant pas voulu créer une exception pour un petit groupe d’hommes catholiques. «Je vous demande simplement de vous rappeler que toute la population n’est pas catholique et que notre jeunesse peut avoir d’autres rêves que de porter une hallebarde», a relevé la députée écologiste vaudoise Léonore Porchet à l’occasion du débat.
Il s’est avéré que l’appartenance confessionnelle avait joué un rôle dans ce dossier, les catholiques se positionnant davantage dans le camp du ‘oui’ que les protestants. «Mais je vous rassure, il n’y a pas de guerre du Sonderbund dans nos rangs», a précisé Priska Seiler Graf (ZH) au nom du groupe socialiste. (cath.ch/Swissinfo/arch/rz)