La Vierge de la Révélation, le sacre du martyre de saint Paul (2/7)
La Vierge s’est manifestée de nombreuses fois en Europe. Cependant, si les apparitions de Lourdes ou Fatima sont très connues, ce n’est pas le cas de celles d’Italie. En cette fin d’année, I.MEDIA vous propose de découvrir certaines de ces apparitions extraordinaires. Aujourd’hui, la Vierge de la Révélation.
Le 12 avril 1947, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Sainte Vierge est apparue à Rome à un farouche anticlérical italien. Cette apparition a eu lieu sur le lieu même du martyre de saint Paul.
L’histoire de cette apparition a beau être connue depuis près de 75 ans, elle reste incroyable. Elle est d’autant plus frappante qu’elle a concerné un homme qui a combattu l’Eglise catholique de toutes ses forces et qu’elle est arrivée sur un lieu particulièrement significatif dans l’histoire du christianisme.
Tout commence un beau jour de printemps, deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec une simple sortie dans les bois d’un père accompagné de ses enfants. Les enfants jouent au ballon tandis que le père, un certain Bruno Cornacchiola, les surveille du coin de l’œil. La scène – banale en ce lieu – se déroule aux alentours de l’abbaye de Tre Fontane, en plein sud de Rome.
Ce lieu est connu pour être celui du martyre de saint Paul, mort par décapitation en 64 ou 67 après Jésus-Christ, lors de la persécution des chrétiens ordonnée par Néron. D’après la tradition, la tête de ‘l’apôtre des gentils’ a rebondi trois fois sur le sol, et à chacun de ces trois emplacements une source a miraculeusement jailli: d’où le nom de ‘Trois-Fontaines’.
«Mort au pape!»
Agé d’une trentaine d’années, Bruno Cornacchiola (1913-2001) est alors un homme en rébellion. Né dans une famille pauvre, ce communiste est plus particulièrement révolté contre l’Eglise catholique. Attiré par une secte protestante quelques années avant cette fameuse journée où il affirmera avoir vu la sainte Vierge, il a notamment été volontaire lors de la guerre civile espagnole qui voit s’affronter les cohortes républicaines face aux troupes du général Franco, entre 1936 et 1939.
A son retour d’Espagne, ce fanatique anticatholique pousse son sectarisme et sa haine jusqu’à nourrir très sérieusement le projet de tuer le pape, alors Pie XII (1939-1958), avec la conviction la plus profonde de «libérer le monde d’un tyran». Cause de tous les maux dont souffre l’humanité, le Souverain pontife devait mourir sous la lame que Bruno Cornacchiola avait rapportée de la ville espagnole de Tolède, célèbre pour ses armes blanches. Sur le poignard, qu’il remettra en pleurant à Eugenio Pacelli en personne quelques temps après, il avait poussé la folie jusqu’à faire graver: «Mort au pape!».
Ce 12 avril 1947, un soleil tiède brillait dans l’azur du ciel romain. Quand il raconte son histoire, Bruno Cornacchiola n’en oublie aucun détail. Chacun d’eux s’est durablement incrusté dans ses yeux d’abord, et dans son cœur ensuite. Jouant dans les herbes folles, ses enfants semblaient ravis de cette belle journée aux abords tout à fait ordinaires. En apparences seulement, car soudain, le père se rend compte que l’un de ses enfants a échappé à son attention et ne se trouve plus dans son champ de vision.
La «belle dame» de la grotte
Le jeune père, inquiet, se met à rechercher son fils avec l’aide des deux autres enfants. La petite famille aux abois finit par retrouver l’enfant perdu, à genoux, les mains jointes et regardant fixement en direction d’une grotte. Immédiatement, les autres enfants tombent en extase. D’après Bruno Cornacchiola – qui a assayé en vain de les déplacer – ils étaient inamovibles, comme s’ils étaient devenu subitement de plomb.
Bruno Cornacchiola s’engouffre alors dans la cavité pour voir cette fameuse «belle dame», mais il ne voit rien dans un premier temps. C’est à ce moment précis, ressortant de la grotte, qu’il sent quelque chose recouvrir ses yeux, et après avoir ressenti une vive douleur, en perd l’usage pendant un bref moment. Soudain, une jeune femme vêtue d’une tunique blanche et d’un long voile vert, serrant contre elle une Bible, apparaît au militant anticlérical.
Encore incrédule, l’Italien entend comme le Christ s’adressant à Saul bien des siècles avant lui alors qu’il cheminait sur la route de Damas: «Je suis celle qui est dans la divine Trinité. Je suis la Vierge de la Révélation. Tu me persécutes; arrête maintenant! Entre dans le troupeau élu, cour céleste sur la terre». Les écailles qu’il semblait avoir sur les yeux tombent soudainement et il sent en lui une profonde joie.
Dogme de la dormition
La dame lui demande alors de se rendre auprès du pape, «pasteur suprême de la chrétienté», pour lui remettre personnellement un message: «Qu’on prie beaucoup et qu’on récite le rosaire quotidien pour la conversion des pécheurs, des incrédules et pour l’unité des chrétiens. Les Ave Maria que vous dites avec foi et amour sont autant de flèches d’or qui rejoignent le Cœur de Jésus». Et la dame ajoute: «Mon corps ne s’est pas corrompu, car il ne pouvait se corrompre. Mon divin Fils et les anges sont venus à ma rencontre à l’heure de ma mort».
Si le voyant se convertit immédiatement, ce n’est que le 9 décembre 1949 qu’il s’acquitte de sa mission auprès du pape. Moins d’un an plus tard, Pie XII proclamera le dogme de l’Assomption de Marie aussi appelé la ‘dormition’. Après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, explique le 260e pape de l’Eglise catholique dans la constitution apostolique Munificentissimus Deus – Dieu très munificent, en français –, la Vierge Marie a été «élevée corps et âme à la gloire céleste».
Sur le lieu de l’apparition, le pape Pie XII autorise en 1956 la construction d’un sanctuaire – aujourd’hui gardé par les frères mineurs conventuels – et bénit la statue de la Vierge qui y sera placée. En 1987, le Saint-Siège autorise le culte à la Vierge de la Révélation et dix ans plus tard, le pape Jean Paul II décrète le nom du sanctuaire comme: ‘Notre-Dame du Troisième Millénaire aux Trois Fontaines’. Par ailleurs, en juin 2017, le diocèse de Rome ouvre la cause en béatification et canonisation du serviteur de Dieu Bruno Cornacchiola. (cath.ch/imedia/pad/rz)
Si les apparitions de la Vierge Marie à Lourdes ou à Fatima sont mondialement connues, et donnent lieu à de grands pèlerinages, la réputation d'autres n'a pas dépassé le cadre d'une région ou d'un pays. C'est le cas de diverses apparitions en Italie. I.Media propose d'en découvrir quelques unes.