Deux hommes cagoulés et armés ont fait irruption dans l'église Sainte-Marie-Draperis, à Istanbul, pendant la messe dominicale du 28 janvier 2024 | Wikimedia/ Dosseman/CC BY-SA 4.0 Deed
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La victime de l'attentat d'Istanbul était un musulman alévi

L’attentat terroriste dans une église catholique d’Istanbul qui a fait un mort dimanche 28 janvier 2024 aurait pu être beaucoup plus meurtrier. Après quelques tirs, les deux armes des assaillants se sont enrayées empêchant ainsi un massacre parmi la quarantaine de personnes présentes. L’unique victime est un citoyen turc musulman alévi qui avait pris l’habitude d’assister à la messe du dimanche.

La seule victime de l’attentat contre une église catholique à Istanbul était un musulman alevi qui assistait régulièrement à la messe, selon ses proches. Il a été tué lorsque deux hommes armés ont ouvert le feu dans l’église Santa Maria, dans le quartier de Sariyer à Istanbul, pendant la messe.

«C’était mon oncle. C’était une personne simple et innocente, et certainement une victime innocente. Il était retraité et souffrait d’un léger handicap mental. Il allait à l’église le dimanche depuis deux mois», a expliqué aux médias turcs un des ses neveux. Il a été enterré le lendemain du drame dans un lieu de culte alévi. L’évêque catholique Mgr Massimiliano Palinuro, vicaire apostolique d’Istanbul, a assisté aux funérailles.»Il était comme un ange pur. Il a perdu sa vie pour la communauté d’Istanbul», a-t-il relevé.

Un grand massacre évité de peu

Il semble assez sûr aujourd’hui que les terroristes de l’Etat islamique qui avaient préparé l’attentat envisageaient un nombre beaucoup plus important de victimes. Selon le maire du district de Sariyer, environ 40 personnes assistaient à la messe dans l’église au moment de l’attaque.»Lorsque le premier coup de feu a retenti, tout le monde s’est jeté à terre. Après la deuxième explosion, l’arme s’est enrayée et les assaillants sont sortis. Les fidèles ne savaient pas ce qui allait se passer et si l’attaque allait se poursuivre.»

«Il apparaît clairement que l’attaque avait été planifiée pour avoir des effets beaucoup plus graves, et que la main du Seigneur a voulu que cela n’arrive pas «, a confié à l’Agence Fides le Père Julian Pista, de la Communauté franciscaine conventuelle d’Istanbul. 

Revendiqué par l’Etat islamique

Les opérations de police lancées après l’attentat ont conduit à l’arrestation des deux terroristes présumés l’un originaire du Tadjikistan et l’autre de nationalité russe ainsi que de 51 autres personnes – Tadjiks, Russes et Turcs – considérées comme liées au groupe terroriste djihadiste à l’origine de l’embuscade. Il a également été établi que le véhicule utilisé par les assaillants était arrivé de Pologne il y a deux ans et qu’il n’avait jamais été utilisé avant de servir à l’attentat. Au moment de l’attaque, le consul général de Pologne à Istanbul, Witold Lesniak, se trouvait également à la messe avec sa famille.

Garantir la sécurité des minorités religieuses

«Nous demandons fermement que la vérité soit révélée et qu’une plus grande sécurité soit garantie à nos communautés et à nos églises. Nous demandons à chacun de ne pas répandre la culture de la haine et de la discrimination religieuse», a déclaré Mgr Martin Kmetec, archevêque d’Izmir et président de la conférence épiscopale.

Mgr Palinuro a exprimé sa «gratitude à tous les agents des forces de l’ordre, en particulier à notre ministre de l’intérieur, M. Ali Yerlikaya, qui ont réussi à appréhender les auteurs et leurs associés dans un court délai de 12 heures après l’odieux attentat.»

Pas de fermeture

«En tant que catholiques vivant à Istanbul, a poursuivi le vicaire, nous connaissons l’amour fraternel sincère, la conscience et l’hospitalité des habitants de notre pays. Nous aimons beaucoup notre pays et notre peuple. Nous voudrions souligner que les individus et les groupes qui pensent que nous allons fermer nos églises et verrouiller nos portes de l’intérieur, pensant qu’ils répandent une vague de terreur par un acte de terreur, ne seront pas en mesure de le faire».

Une messe de réparation sera célébrée dans l’église profanée. A cette occasion, un nouvel autel sera consacré dans l’église et des prières seront adressées pour l’âme de la victime tuée dans ces terribles circonstances. La liturgie sera présidée par Mgr Marek Solczinsky, Nonce apostolique en Turquie, et Mgr Massimiliano Palinuro (cath.ch/cna/fides/mp)

Deux hommes cagoulés et armés ont fait irruption dans l'église Sainte-Marie-Draperis, à Istanbul, pendant la messe dominicale du 28 janvier 2024 | Wikimedia/ Dosseman/CC BY-SA 4.0 Deed
1 février 2024 | 13:53
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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