La spiritualité catholique médiévale à l’honneur dans La Pléiade
Véritable événement éditorial, La Pléiade publie un volume rassemblant des écrits spirituels du Moyen Âge, témoignage de la quête de Dieu du XIe au XVe siècle. Une anthologie sans précédent dans l’histoire éditoriale récente qui réunit les plus beaux monuments de la spiritualité catholique médiévale.
C’est la première fois qu’une Pléiade met en avant la spiritualité médiévale catholique. Cédric Giraud, latiniste, historien, maître d’œuvre et traducteur de cette anthologie, a raconté au site Aleteia cette aventure sans précédent dans l’histoire éditoriale récente.
Selon lui, lorsque les Occidentaux s’intéressent à la spiritualité, ils se tournent spontanément vers l’Orient ou l’Inde et oublient complètement un patrimoine qui devrait pourtant leur appartenir. C’est contre cet oubli que cette Pléiade prend son sens: il s’agit de prendre conscience qu’il y a un héritage d’une richesse inouïe qui est en train de se perdre. Or, s’il survit, il est réservé à un public ultra spécialisé d’universitaires.
Cathédrale de spiritualité
Pourtant, explique le spécialiste, il y a une sorte d’honnêteté intellectuelle à connaître l’existence de ces «cathédrales de spiritualité». Car si l’on peut encore observer du Moyen-Âge la puissance architecturale des cathédrales, on ignore souvent sa profondeur culturelle et intellectuelle et la beauté littéraire des textes qu’il a fait naître.
À partir du XIIe siècle, avec la «révolution de l’écrit», qui voit la production de manuscrits et de chartes exploser, le livre devient un objet important de la spiritualité, car l’écrit pénètre alors toutes les couches de la société. Le public est de plus en plus alphabétisé, chez les clercs comme chez les laïcs, qui apprennent tous à lire, à l’époque, dans le psautier. Le rôle donné à la lecture, en tant qu’«art complet de l’intériorité» est ainsi spécifique à la spiritualité médiévale. L’invention de l’imprimerie au XVe siècle n’est qu’une accélération de ce phénomène. La spiritualité va ainsi refléter cette part toujours plus importante que prend l’écrit dans la vie culturelle de l’Occident.
La lectio divina
Dans cette Pléiade, tous les auteurs sont des clercs réguliers ou se sont retirés de la vie diocésaine. Il existe ainsi, précise Cédric Giraud, un lien important entre la lecture et la vocation monastique, en raison d’abord de la place qu’occupe la lectio divina dans la vie monastique. Avec la Règle de saint Benoît, le moine doit lire tous les jours la Bible. À partir du XIIe siècle, une place de plus importante est accordée à la lecture spirituelle, à côté de la lecture de la Bible. Les moines ont de plus en plus de temps pour lire, méditer, contempler. La matrice est toujours la place centrale de la Bible dans la vie du moine et tous ces ouvrages sont des formes de commentaires de la Bible. (cath.ch/aleteia/jg/cp)
Écrits spirituels du Moyen Âge, Textes traduits, présentés et annotés par Cédric Giraud, La Pléiade, 1210 p., 2019.