La sécurité des communautés chrétiennes est «précaire», affirme Mgr Giovanni Martinelli
Libye: Multiplication des exactions contre les minorités religieuses
Tripoli, 17 mars 2013 (Apic) Mgr Giovanni Martinelli, vicaire apostolique de Tripoli, en Libye, estime que la sécurité des communautés chrétiennes du pays est devenue «précaire», à cause des exactions de fondamentalistes islamiques. Dans une déclaration à l’agence IRIN (Réseau d’information régionale intégrée de l’ONU), il a ajouté que ce phénomène nouveau est apparu lors des élections juillet 2012.
Depuis le début de l’année, plusieurs attaques contre des communautés chrétiennes et musulmanes ont été enregistrées dans le pays. Le dernier cas d’exaction contre des chrétiens est l’incendie, le 14 mars dernier, de l’église copte orthodoxe de Benghazi, par des inconnus qui avaient auparavant fait sortir les fidèles qui s’y trouvaient.
Il n’y a pas de chiffres officiels sur les communautés religieuses en Libye, mais selon les estimations officielles, sur les 1,5 million d’étrangers qui vivent dans le pays, les chrétiens sont une petite minorité, en majorité des coptes orthodoxes et des catholiques. Il y a aussi des chrétiens grecs orthodoxes, anglicans et protestants.
Sous Kadhafi, «les activités des minorités religieuses n’étaient pas limitées»
Pour Mgr Timothée Bishara Adla, chef de l’Eglise copte orthodoxe de Tripoli, ceux des coptes qui avaient fui la ville durant les neuf mois de combats en 2011, sont de retour. «Nous, coptes, vivons paisiblement en Libye. Après l’attaque de notre église, près de Misrata, le conseil local et le gouvernement nous ont apporté un plein soutien et se sont engagés à apporter une plus grande sécurité pour notre communauté. Ces autorités enquêtent d’ailleurs sur les menaces les plus récentes contre la communauté».
Selon le dignitaire religieux, «les coptes se sentent plus en sécurité en Libye, qu’en Egypte». En février, après l’agression de prêtres coptes orthodoxes à Benghazi, le ministère libyen des Affaires étrangères a condamné cet acte, tout en qualifiant «d’irresponsables», leurs auteurs, et que leurs acte allait à l’encontre des enseignements de l’islam et les droits fondamentaux.
Interdiction du prosélytisme
«Pendant les 41 ans de régime Kadhafi, les autorités libyennes n’ont jamais limité les activités des minorités religieuses», a rappelé pour sa part le Père Vasihar Baskaran, de l’Eglise catholique, dans une homélie prononcée après l’arrestation de quatre catholiques à Benghazi, relavant aussi «un accord tacite» entre les minorités religieuses et le régime de l’époque, sur l’interdiction du prosélytisme.
Les chrétiens de Libye ne sont pas les seuls à souffrir du phénomène salafiste. Les musulmans sunnites, majoritaires dans le pays, sont aussi menacés. Depuis la fin des combats, certains salafistes qui sont favorables à une interprétation littérale de l’islam, ont mené des centaines d’attaques contre des mosquées, des tombes de saints, et des sanctuaires musulmans.
Dans le centre de Tripoli, un groupe radical musulman a détruit en août dernier la mosquée Sha’ab ad-Dahman et environ 50 tombes soufies, dont celle du grand érudit musulman libyen, Abdullah al-Sha’ab. Les médias sociaux libyens ont filmé cette scène de destruction, en présence des forces de sécurité qui ne sont pas intervenues. Le site d’information libyen «Herald» a rapporté que trois journalistes de la chaîne de télévision Al-Assema qui tentaient de filmer l’opération ont été interpellés par les forces de sécurité. A la suite de cet incident, le ministre de l’Intérieur, Fawzi Abdelaei, a du démissionné. (apic/ibc/be)