La RTS supprime l’émission TV «Faut pas croire»
Sous pression financière, la direction de la RTS a décidé de supprimer le magazine télévisé Faut pas Croire (RTS Un). Elle entend réinvestir une partie des moyens économisés dans des productions numériques. Partenaires de la RTS au sein de RTSreligion, Cath-Info et Médias-pro comprennent ces besoins d’économie. Ils contestent cependant un choix radical qui fragilise le service au public dans un domaine sensible et ils exigent une égalité de traitement avec les autres magazines de la RTS qui sont impactés.
La RTS a dénoncé cet été la convention qui la lie aux partenaires historiques de RTSreligion, Médias-pro (Département des Médias des Églises Réformées romandes) et Cath-Info (Centre catholique des médias). Dans un train de mesures d’économie, principalement liées à la réduction des revenus publicitaires, le service public a décidé de supprimer le magazine Faut pas croire (RTS Un, samedi 13h30) à fin juin 2022. Pour compenser cette perte, une partie des moyens économisés seront réinvestis dans une offre numérique dont les contours ne sont pas connus.
Une inégalité de traitement inacceptable
Engagées de longue date dans la production audiovisuelle, les institutions Médias-pro et Cath-Info comprennent la pression financière qui s’exerce actuellement sur la RTS et sont prêtes à soutenir des mesures d’économie raisonnables. Mais celles décidées pour RTSreligion sont deux fois plus importantes que la moyenne des coupes dans d’autres secteurs de la RTS. «Au nom de l’égalité de traitement, ce n’est pas acceptable».
Les religions doivent garder une présence à la télévision
Cette suppression annonce la fin d’une offre éditoriale religieuse, spirituelle et éthique en télévision. Après des coupes très sévères dans RTSreligion en 2016 – qui avaient suscité l’indignation du public via une pétition signée par 27’000 personnes – cette décision fragilise encore un peu plus l’offre de décryptage du religieux à disposition des téléspectateur romands. L’offre de liturgies télévisées avait déjà été réduite à deux reprises. Dans le contexte actuel de repli identitaire, de défis éthiques majeurs et d’interrogations sur les questions de sens, la suppression de Faut pas croire est incompréhensible.
65 ans de partenariat mis en cause
Au sein des Églises réformée et catholique de Suisse, qui mandatent Cath-Info et Médias-pro, cette décision risque de susciter de l’indignation en raison de l’absence de concertation et de réflexion éditoriale sur ce qu’il est possible de faire avec des moyens plus réduits. Cette décision met à mal un partenariat original, initié il y a plus de 65 ans entre le Service public TV et les Églises et qui a donné naissance à RTSreligion, dénoncent les partenaires.
Le numérique ne remplace pas la télévision
Médias-pro et Cath-Info saluent la volonté de la RTS de réinvestir des moyens dans une offre numérique. Un mouvement qu’eux-mêmes ont anticipé, et qu’ils soutiennent mais qui ne peut simplement remplacer une offre télévisée, en particulier pour les publics plus âgés. Au demeurant, la RTS doit veiller à ne pas délaisser l’accompagnement des changements de société et le vivre-ensemble, ils sont au cœur de sa mission et justifient pour une part la redevance que le peuple a décidé de maintenir.
Dans les négociations qui vont s’ouvrir pour élaborer une nouvelle convention, Cath-Info et Médias-pro attendent de la RTS qu’elle prenne en compte leurs objections et fasse preuve de souplesse et de créativité. (cath.ch/com/mp)
Faut pas croire
Magazine hebdomadaire de 29 minutes, Faut pas croire est diffusé le samedi à 13h30 sur RTS Un et rediffusé le dimanche à 11h40 sur RTS Un. Composé de reportages, d’entretiens et de documentaires, il « aborde les questions éthiques, philosophiques, spirituelles et religieuses qui traversent notre société, (…) en questionnant l’humain dans toutes ses dimensions » selon le mandat de la RTS. Créée en 2008, l’émission a vécu plusieurs évolutions pour des raisons éditoriales ou d’économie. Faut pas croire est aujourd’hui présenté par Linn Levy. La journaliste a accueilli des personnalités comme l’écrivain Emmanuel Carrère, l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan, la rabbin Delphine Horvilleur ou encore la théologienne Lytta Basset. Chaque été, une sélection d’émissions est diffusée sur TV5Monde.