La RKZ renonce à la menace financière contre les évêques

La Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) ne va pas exercer de pression financière sur la Conférence des évêques suisses (CES) concernant la réalisation de mesures pour prévenir les abus, a-t-elle décidé lors de son assemblée plénière, les 1^er et 2 décembre 2023. «L’échange, la persuasion, l’explication», ont été considérés comme de meilleurs moyens de parvenir aux objectifs fixés, a assuré Roland Loos, président élu de la RKZ, sur la RTS.

Des responsables de la RKZ avaient émis la possibilité, suite à la publication du rapport de l’Université de Zurich sur les abus dans l’Eglise (le 12 septembre 2023), mandatée par l’Eglise en Suisse, de bloquer des fonds destinés à la CES, afin de pousser celle-ci à réaliser des pas concrets dans la lutte contre les abus. Des menaces mal reçues par certains évêques.

La tension semble avoir ainsi diminué entre l’Eglise de droit canonique (représentée par la CES) et celle de droit public ecclésiastique (représentée par la RKZ). Cette dernière instance gère actuellement un budget de 13 millions de francs, alimenté par les différentes corporations ecclésiastiques cantonales, pour des projets à l’échelon national.

La RKZ a ainsi exigé de la CES la réalisation de quatre objectifs: l’engagement d’experts externes pour soutenir Mgr Joseph Bonnemain, évêque de Coire, dans son enquête préliminaire sur certains de ses confrères; une extension des prérogatives d’un service de signalement des abus; l’institution d’un tribunal pénal ecclésiastique indépendant; la reconnaissance par les évêques suisses que la vie de couple – à l’exception des personnes astreintes au célibat – n’ait aucune incidence sur l’engagement ou le licenciement.

Au-delà du «bac à sable»

Dans l’émission Forum de la RTS (2 décembre), Roland Loos, élu nouveau président de la RKZ, relève «qu’en septembre, tout le monde a réagi dans beaucoup de directions différentes, et il était important pour nous à ce moment-là de marquer un point fort». Le Vaudois assure finalement que l’on a «recréé au fil des semaines et des mois, un nouveau climat de confiance». Il souligne que l’accomplissement des objectifs fixés par la faîtière des corporations ecclésiastiques est en bonne voie. Notamment, deux experts externes ont été nommés pour épauler Mgr Bonnemain dans son enquête. Le projet de tribunal ecclésiastique avance également. Les évêques suisses ont notamment obtenu un signal positif du pape François pour l’initiative.

«Beaucoup de choses se sont passées ces derniers mois avec une vitesse assez remarquable qu’on n’a pas l’habitude de voir dans l’Eglise catholique», a commenté Roland Loos. «On considère aujourd’hui que l’échange, la persuasion, l’explication seront une meilleure méthode que simplement jouer au bac à sable en disant ‘si tu ne me donnes pas ton camion je ne te donne pas ma grue’, donc d’émettre des menaces».

A noter que les quatre revendications émises par le comité de la RKZ ont été également acceptées à une large majorité lors de l’assemblée plénière. (cath.ch/rts/arch/rz)