La religion intéresse toujours les gymnasiens vaudois
En 20 ans, 10’000 élèves ont suivi l’option histoire et sciences des religions proposée dans les gymnases vaudois. Dans une société en mutation et face à la violence islamiste, cet enseignement facultatif continue à intéresser les élèves, qui y cherchent des repères. Le point de vue d’un enseignant.
En vingt ans, 10’000 gymnases vaudois ont choisi librement de s’intéresser au fait religieux. Selon Claude Welscher, anthropologue et historien des religions qui enseigne au gymnase de Beaulieu à Lausanne, la manière d’aborder cette discipline a évolué depuis le démarrage de ces cours, il y a vingt ans. «A mesure que les méthodes en sociologie, anthropologie et de psychologie évoluent, a-t-il expliqué à la RTS, on évolue avec et on essaie de se doter des méthodes les plus récentes.»
Interrogé sur l’enseignement de l’islam, en particulier face aux attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan ou de Nice, l’enseignant souligne que l’islam a une place certes importante dans cet enseignement, mais moins importante toutefois que la place que lui accordent les médias: «Notre proposition est d’étudier la tradition islamique dans le cadre culturel et de mettre en avant le fait qu’il s’agit d’une doctrine complexe, plus que de se préoccuper des événements de violence extrémiste.»
Maintenir la religion sur les bancs d’école
Selon Claude Welscher, face à la perte de repères de la société occidentale, il faut maintenir ces connaissances religieuses sur les bancs de l’école, «parce que c’est probablement là qu’elles sont les mieux défendues». Même si la question religieuse en tant que telle disparait, estime-t-il, elle reste prégnante partout: dans la culture, la politique, les valeurs et tout ce qui nous construit. «On avait pensé que la religion avait disparu. En fait, elle n’a jamais cessé d’être là. Ce qui change, ce sont les formes auxquelles elle donne lieu maintenant.»
A-t-il l’impression que la société prend aujourd’hui davantage part au discours sur la religion? «Absolument, et les étudiants qui suivent nos cours en parlent. Notre travail est de leur donner la possibilité d’énoncer quelque chose et de thématiser cette énonciation. D’apprendre à dire d’où ils parlent, quelle est leur démarche et à qui ils s’adressent. Il s’agit aussi pour eux d’arriver à entendre des expressions qui ne sont pas les leurs.»
«C’est une société qui est en grande mutation et c’est aussi ça qui explique le succès de cette discipline. Les élèves y cherchent des repères»
À la question de savoir si les élèves sont inquiets des résurgences de l’extrémisme islamiste, Claude Welscher estime qu’ils sont globalement inquiets par rapport à tout ce qu’il se passe. «C’est une société qui est en grande mutation et c’est aussi ça qui explique probablement le succès de cette discipline. Ils y cherchent des repères, des outils pour les penser, sans forcément qu’on les endoctrine, ni qu’on leur dise quoi penser ou quoi faire, mais ils ont comme nous besoin de comprendre, pour pouvoir inventer les formes qui seront celles de demain.» (cath.ch/rts/cp)