Singapour : Des jours fériés pour chaque religion
« La religion est considérée comme un élément positif pour la société »
Singapour, 2 novembre 2013 (Apic) A Singapour, chaque religion ou communauté ethnique a droit à des jours fériés, rapporte le 29 octobre 2013 le site d’information français « Rue89 ». Ce 2 novembre par exemple, on ne travaille pas sur l’île, car on célèbre Deepavali, la fête des lumières chez les Hindouistes. En décembre, ce sera au tour des chrétiens d’avoir congé pour Noël. La répartition des jours fériés à Singapour obéit à un équilibre précis déterminé par le ministère de l’Emploi, après concertation avec les différentes communautés et responsables religieux.
En France, Eva Joly avait suscité en 2012 de nombreuses réactions pour avoir proposé que « juifs et musulmans puissent célébrer Kippour et l’Aïd-el-Kebir lors d’un jour férié ». La question ne se pose pas à Singapour : ici, chaque religion ou communauté ethnique a droit à des jours fériés.
Leur répartition obéit à un équilibre précis déterminé par le ministère de l’Emploi, après concertation avec les différentes communautés et responsables religieux : Les Chinois ont le nouvel an chinois;
Les chrétiens ont Vendredi saint et Noël ; Les hindous ont Deepavali ; Les bouddhistes Vesak (jour de la naissance de Bouddha) ; Les musulmans Hari Raya Puasa (l’Aïd el-Fitr) et Hari Raya Haji.
La religion va de pair avec l’ethnie
Cela ne pose aucun problème dans un pays pourtant tout aussi laïc que la France. « La religion est considérée comme un élément positif pour la société, quelque chose qui donne des repères aux gens », explique le père Michel Arro, prêtre des missions étrangères de Paris installé à Singapour depuis 1957. « Il y a donc une vraie tolérance au niveau du culte ».
Tant que les religions ne se mêlent pas de questions sociétales, considérées comme étant du ressort du gouvernement, évidemment. La religion est aussi, entre autres, une affaire politique dans l’île :
« Ici religion va de pair avec ethnie. Qui dit taoïste (ou bouddhiste) dit chinois, musulman dit malais et hindou dit indien », reprend le père. Il s’agit donc pour l’Etat d’assurer la cohésion de la société, dans un pays composé de trois peuples différents qui doivent vivre ensemble. D’où l’importance attachée à la stricte répartition des jours fériés.
D’ailleurs les ministres prennent soin d’aller dans chaque lieu de culte lors des fêtes fériées, qu’elles soient chrétienne, musulmane, hindouiste ou bouddhiste.
Cette tolérance est facilitée par l’état d’esprit général. Les choses sont assez élastiques à Singapour : certains Chinois participent à la fête indienne de Thimithi, qui avait lieu cette année le 20 octobre. Il n’est pas rare de voir des hindous dans des temples chinois. Et nombreux sont les hindous ou les libres penseurs à venir faire une neuvaine tous les samedis à l’Eglise St Alphonse (Novena church), tenue par les Rédemptoristes, dont la Vierge a la réputation d’exaucer les souhaits.
Une fête, c’est aussi un business
Mais ce pluralisme religieux s’arrête là où commence la bonne marche des affaires : selon un porte-parole du ministère de l’emploi, cité par le journal « Strait Times » trois dates – la fête hindou Thaipusam, le lundi de Pâques et la naissance du prophète Mahomet (le Mouloud ou Mawlid) – ont été supprimées de la liste des jours fériés il y a des années pour améliorer la compétitivité des entreprises.
Les dites firmes ne perdent pas le nord et ont bien compris le profit à tirer de cette avalanche de fêtes : une grande enseigne locale de supermarché a décoré ainsi ses magasins à la fois pour Halloween et pour Deepavali.
Presque sitôt terminée la vente de Moon cakes (gâteaux dégustés lors de la fête chinoise de la mi-automne), une chaine de café a proposé des cookies pour Halloween. Pendant qu’Orchard road, la grande rue commerçante de Singapour, se prépare déjà pour Noël. A Singapour, comme partout, une fête c’est aussi un business. (apic/rue89/cw)