La réconciliation, le dialogue et le soutien de la communauté catholique au menu du pape à Sarajevo
Sarajevo, 3 juin 2015 (Apic) 18 ans après Jean Paul II, le pape François se rendra le 6 juin 2015 pendant une dizaine d’heures à Sarajevo, capitale de Bosnie-Herzégovine et ville martyre au début des années 1990. Au cours de ce déplacement, le pape entend encourager le petit troupeau de catholiques, promouvoir le dialogue interreligieux dans un pays lacéré par les tensions communautaires, et prêcher la réconciliation.
«Je viens parmi vous, avec l’aide de Dieu, pour confirmer dans la foi des fidèles catholiques, pour soutenir le dialogue œcuménique et interreligieux, et surtout pour encourager la coexistence pacifique dans votre pays». En quelques mots adressés aux fidèles de Bosnie-Herzégovine, le pape François a résumé lui-même le sens de sa visite à Sarajevo, dans un message vidéo diffusé quatre jours plus tôt. Le thème de ce bref déplacement dans les Balkans est particulièrement clair: «la paix soit avec vous».
Ce huitième voyage du pape François hors d’Italie devra composer avec la complexité de ce pays où coexistent Croates, Serbes et Bosniaques, ainsi qu’avec la complexité des institutions qui le gouvernent. «Le message fondamental du voyage du pape, explique le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, est un message de paix, de réconciliation et de construction commune de l’avenir». Le pays connaît des difficultés économiques ainsi que des tensions sociales fortes, rappelle le Père Federico Lombardi, qui souligne également «l’importance du dialogue interreligieux» lors de ce déplacement.
A Sarajevo, le chef de l’Eglise catholique va d’abord encourager le petit troupeau de 440’000 catholiques qui a particulièrement souffert des conséquences de la guerre. «La communauté catholique a pratiquement diminué de moitié», relève le secrétaire d’Etat du Saint-Siège dans une interview accordée au Centre de télévision du Vatican à l’approche du voyage. Le pape François, confie encore le cardinal Pietro Parolin, pourrait appeler à «réaliser une égalité substantielle entre tous les citoyens et toutes les strates sociales, culturelles et politiques qui composent le pays».
La communauté catholique a payé le prix fort durant la guerre. Mais aujourd’hui, ce petit troupeau est parfois divisé, y compris autour de la question du sanctuaire marial controversé de Medjugorje dont le pape, prévient-on au Vatican, ne devrait pas parler, du moins publiquement.
Sarajevo, ville martyre
Au matin d’une journée de voyage «plutôt dense», comme le reconnaît le Père Lombardi, le pape François va particulièrement présider une grande messe dans le stade olympique où Jean Paul II, deux ans après la fin de la guerre, avait célébré la messe sous des tourbillons de neige. Le pape polonais y avait prêché le pardon, soutenant que «la paix et le respect réciproque» sont les seuls moyens de mettre fin aux nationalismes meurtriers. A son tour, François va appeler à la réconciliation pour reconstruire ce pays morcelé, particulièrement auprès des jeunes qu’il rencontrera en fin d’après-midi.
20 ans après la signature des Accords de Dayton qui mirent fin à trois années d’une guerre interethnique sanglante ayant causé plus de 100’000 morts, cette visite a une signification toute particulière. A Sarajevo, ville martyre où les parcs et les jardins accueillent les tombes des hommes et des femmes tombés durant la guerre, le pape va lui aussi exhorter au pardon, et inciter au dialogue entre musulmans, orthodoxes et catholiques.
Une nouvelle fois, c’est aux périphéries que se rend le pape François. Après l’Albanie en septembre dernier, il se rend donc pour la seconde fois dans les Balkans et n’a pas encore foulé le sol d’autres pays européens, à l’exception de sa très brève visite aux institutions européennes, à Strasbourg, au cours de laquelle il a pu idéalement s’adresser au continent tout entier. Il entend ainsi se rendre d’abord à la rencontre de ceux qui souffrent, ou ont souffert. Et la Bosnie-Herzégovine n’est pas en reste. (apic/imedia/ami/rz)