La question du redécoupage du diocèse de LGF est relancée par Mgr Morerod
Fribourg, 13 février 2014 (Apic) Mgr Charles Morerod a fait part au pape François de son sentiment d’être devenu un «fonctionnaire» dans l’Eglise catholique. La taille et la complexité de son diocèse ne sont pas étrangers à ce constat. Le Conseil presbytéral va lancer une consultation large en vue d’un redécoupage de son territoire.
«Mgr Morerod n’a pas parlé au pape d’un redécoupage du diocèse et encore moins de la création d’un évêché à Genève», a indiqué à Cath-info Laure-Christine Grandjean, porte-parole du diocèse, corrigeant ainsi une information circulant dans les médias en Suisse. «Il lui a juste fait part de son sentiment de travailler comme un fonctionnaire». Elle a cependant confirmé à Cath-info que le Conseil presbytéral, qui rassemble une délégation des prêtres du diocèse, a décidé le 12 février de lancer une consultation ouverte à tous les fidèles en vue d’un redécoupage du diocèse.
C’est lors de la visite Ad limina des évêques suisses, en décembre 2014, que Mgr Morerod a discuté de sa situation avec le pape François. «Le pape s’est montré très sensible à cette question et a dit que le danger qui menaçait les prêtres était souvent le cléricalisme (il en parle souvent), mais qu’en Suisse le danger principal était probablement de devenir des fonctionnaires. Ce danger du reste menace tous les agents pastoraux, et j’aimerais trouver comment contribuer à l’amenuiser», affirme l’évêque dans la newsletter du diocèse de janvier 2015. «Quand on me demande ce que j’aime dans mon travail, je réponds que c’est rencontrer Dieu et rencontrer les gens. Mais je crains que le temps que je peux y consacrer soit trop limité, et que – aussi en raison de la taille du diocèse – je me trouve souvent dans un rôle de fonctionnaire. J’ai ajouté que ce danger menaçait aussi les curés», précise encore l’évêque.
Vers la création d’un évêché à Genève?
Mgr Morerod explique dans la Tribune de Genève du 13 février que l’implantation d’un diocèse à Genève est encore «incertaine». Le pasteur Emmanuel Fuchs, président de l’Eglise protestante de Genève, n’est pas surpris par la réflexion sur la création d’un évêché dans la ville – et le canton – de Calvin. «Nous avons parlé avec Mgr Morerod de cette éventualité il y a quelque temps et nous avions alors convenu que si cela devait se confirmer, nous communiquerions ensemble. Il faudra que nous discutions de l’impact que cela pourra avoir. Tout dépend si le nouvel évêque est une personne du cru, qui connaît l’histoire religieuse de Genève et saura s’inscrire dans sa longue tradition œcuménique», affirme-t-il dans la Tribune de Genève.
Une question récurrente
Actuellement, l’évêque diocésain, qui est responsable de 700’000 fidèles, est secondé par les évêques auxiliaires Alain de Raemy, vicaire général, et Pierre Farine, qui occupe la fonction de vicaire épiscopal dans le canton de Genève, ainsi que de quatre autres vicaires épiscopaux, à Fribourg, Lausanne, Neuchâtel et St-Antoni pour la partie alémanique du diocèse.
La question d’un redécoupage du diocèse, relancée également par Mgr de Raemy peu après sa nomination en décembre 2013, ne date pas d’aujourd’hui. Dans les années 1980 déjà, Mgr Pierre Mamie, évêque de LGF, avait évoqué la création d’un évêché à Genève. Mais certains responsables de l’Eglise réformée avaient vivement critiqué cette idée, perçue comme une implantation catholique dans un canton phare de la Réforme. En 1987, l’évêque nommait Mgr Amédée Grab auxiliaire à Genève. Lorsque ce dernier devenait à son tour évêque de LGF en1995, Mgr Pierre Farine lui succédait comme évêque auxiliaire au vicariat épiscopal de Genève.
Depuis, la question du redécoupage du diocèse n’a plus été réactivée avant que Mgr Morerod et son auxiliaire Alain de Raemy n’expriment clairement leurs intentions dans les médias et que l’évêque de LGF ne relance la question. Depuis 1998, La Constitution fédérale ne soumet plus la création d’un évêché à l’autorisation de la Confédération. (apic/ag/bb)