La politique migratoire de Trump menace les Baptistes du Sud
La suppression par le gouvernement Trump du ‘Programme d’accueil humanitaire temporaire’ pourrait provoquer l’expulsion du territoire américain de centaines de milliers de migrants. Beaucoup d’entre eux sont actifs dans les communautés baptistes du Sud, qui s’inquiètent des effets sur leurs effectifs, leurs finances et l’avenir de ces personnes.
Le ‘Programme d’accueil humanitaire temporaire’ (Humanitarian Parole Program) a été officiellement abrogé le 20 janvier 2025 par un décret du président Donald Trump. Le programme, instauré en 2022 sous l’administration Biden, permettait à des migrants originaires de Cuba, d’Haïti, du Nicaragua et du Venezuela d’entrer légalement aux États-Unis pour des raisons humanitaires.
Suite à l’abrogation, les bénéficiaires de ce programme, dont le statut expire avant le 24 avril 2025, ont été autorisés à rester aux États-Unis jusqu’à cette date. Cette mesure affecte plus de 500’000 migrants, les exposant à une éventuelle expulsion s’ils ne régularisent pas leur situation.
Crainte d’une perte de membres
Nombre d’entre eux «sont des ministres actifs et des membres des 3’500 communautés hispaniques – nicaraguayennes, vénézuéliennes et cubaines – qui se sont unies à la Southern Baptist Convention (SBC)», souligne un article du magazine confessionnel Baptist Press (28 mars 2025).
Bruno Molina, directeur exécutif du National Hispanic Baptist Network (NHBN), confirme qu’un nombre «très significatif» de personnes ayant reçu l’injonction de retourner dans leur pays d’origine sont membres d’églises baptistes du Sud. «Les églises connaîtront une diminution du nombre de leurs membres, de leur financement et certainement de la collaboration dans le cadre de l’Évangile.»
Blessure à plusieurs niveaux
«Aujourd’hui, des gens me contactent directement, en pleurs, pour me demander ce que nous devons faire, car le 25 mars a marqué le début de la période de 30 jours [avant l’échéance du programme, ndlr]», constate John Voltaire, responsable d’une communauté haïtienne de Floride.
De nombreuses personnes ont cessé de fréquenter les églises en janvier, lorsque les restrictions concernant les lieux sensibles ont été levées pour les arrestations de la police migratoire. Mais la fin du ‘Programme d’accueil humanitaire’ et du ‘Programme de statut de protection temporaire (TPS)’, en août 2025, infligera une blessure à plusieurs niveaux aux églises, aux familles et au témoignage de l’Évangile, ont déclaré les dirigeants haïtiens et hispaniques à Baptist Press. «Personne ne veut que des criminels courent les rues, mais des personnes qui sont de bons voisins, des membres de nos églises, des diacres et des pasteurs, sont pris dans cet engrenage», relève John Voltaire.
Pas des criminels
Ces personnes «retourneront dans la tourmente qu’elles ont fuie, et beaucoup d’entre elles souffriront d’emprisonnement, de persécution politique, de violence et de conditions économiques très difficiles, voire impossibles, ajoute Bruno Molina.
Le baptiste du Sud note que «les personnes bénéficiant actuellement d’un statut temporaire de protection sont des personnes dont on a vérifié qu’elles souffraient de circonstances extraordinaires. «Elles ne sont pas considérées comme une menace pour la sécurité (…) L’une des choses dont nous devons nous souvenir en tant que baptistes du Sud, c’est qu’il nous est demandé de traiter les autres comme nous aimerions être traités.» (cath.ch/baptistpress/arch/rz)
Les baptistes du Sud constituent la plus importante dénomination protestante aux États-Unis, avec plus de 13 millions de membres. Ils composent de 25 à 30% de ce que l’on appelle le mouvement ‘évangélique blanc’. Ce groupe de population est généralement très favorable aux politiques de Donald Trump, notamment concernant l’avortement, l’éducation et la liberté religieuse. Les baptistes du Sud sont cependant en déclin. On estime que la Southern Baptist Convention (SBC) a perdu trois millions de membres en 20 ans. RZ