«La politique climatique suisse ne doit pas s’arrêter aux frontières»
Afin de réaliser la justice climatique vis-à-vis des pays pauvres, la Suisse doit radicalement réduire ses émissions de CO2, demande Caritas Suisse, le 3 mai 2021. L’œuvre d’entraide catholique estime que la Confédération doit soutenir plus fermement les pays du Sud dans l’adaptation au changement climatique.
«Alors que le réchauffement de la planète nous menace tous», ses effets sont déjà une réalité dans l’hémisphère sud, rappelle Caritas Suisse dans un communiqué. Grand émetteur de gaz à effet de serre, la Suisse se doit, selon l’organisation catholique, d’assumer une large part de responsabilité dans la lutte contre le réchauffement.
En effet, alors que les gaz à effet de serre émis à l’intérieur des frontières helvétiques diminuent légèrement, l’empreinte climatique de la Suisse s’accroît d’autant plus à l’étranger. Principalement parce que la Suisse a externalisé ses industries intensives en matières premières et en énergie et que son marché financier continue de miser sur l’extraction du charbon et l’industrie pétrolière.
Caritas Suisse rappelle également que «notre niveau de vie repose en grande partie sur des importations à bas prix en provenance de pays pauvres, que nous prenons l’avion relativement souvent et que notre consommation de viande implique des cultures fourragères nuisibles au climat dans les pays en développement».
L’Afrique sévèrement touchée
Ce sont précisément les nations qui ne sont responsables que d’une fraction du changement climatique mondial qui en pâtissent le plus, note l’œuvre d’entraide. Les plus démunis sont les premiers touchés, ce qui les rend encore plus vulnérables: il s’agit des femmes et des enfants, du petit paysannat, des peuples autochtones et des habitants des bidonvilles. L’Afrique souffre particulièrement: des populations et des écosystèmes sont gravement menacés par l’intensification progressive des vagues de chaleur, des sécheresses et des feux de brousse, des inondations et des précipitations violentes, ainsi que par l’élévation du niveau des mers.
Indemniser les pays pauvres
L’œuvre d’entraide estime ainsi que, dans le cadre des accords internationaux sur le climat et afin d’instaurer la justice climatique envers les pays pauvres, la Suisse doit énergiquement réduire ses propres émissions de CO2. Dans le même temps, elle doit soutenir davantage la préservation du climat et les mesures d’adaptation dans ces pays. Caritas demande en conséquence l’abandon des énergies fossiles, l’encouragement des chaînes de valeur socialement et écologiquement compatibles, ainsi que la mise en place d’une économie circulaire préservant les ressources. La Confédération est en outre appelée à «favoriser les comportements de mobilité et les modes de consommation respectueux du climat et opter pour une agriculture et une alimentation durables». La loi révisée sur le CO2 est un premier pas décisif dans cette direction, affirme l’œuvre d’entraide.
Concrètement, Caritas Suisse demande que la Confédération double les fonds climatiques pour les pays en développement – en plus de l’aide publique au développement – pour les porter à un milliard de francs par an au moins. Elle doit contribuer davantage à indemniser les pays en développement – pour les dommages causés par le réchauffement climatique. (cath.ch/com/rz)