Le pape François devant les membres de l'Église italienne, dans la salle Paul VI du Vatican le 25 mai 2023 | © Vatican Media
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La peur, «grande ennemie» de la synodalité

«La grande ennemie de ce chemin est la peur», a déclaré le pape François aux référents diocésains italiens du Synode sur l’avenir de l’Église, rassemblés à Rome le 25 mai 2023. Il a au contraire encouragé l’Église à «prendre en charge les angoisses de l’histoire» et à se «laisser interroger par elles» en les portant devant Dieu.

Lancé à l’automne 2021 par le pape François, le Synode sur l’avenir de l’Église, ou «Synode sur la synodalité», doit se tenir à Rome en octobre prochain. Une seconde session aura lieu en octobre 2024. En amont de ces étapes romaines, le Saint-Siège avait innové en demandant d’abord aux diocèses du monde entier de réfléchir sur l’Église de demain. Dans un second temps, la réflexion a été menée à l’échelon continental.

Pas une «Église de quelques-uns»

Dans la Salle Paul VI du Vatican, le primat d’Italie a affirmé aux représentants italiens que ce Synode devait être «une expérience spirituelle unique de conversion et de renouveau». Il a assuré que ce processus avait été initié il y a soixante ans par Paul VI, lorsque ce dernier avait créé le Synode des évêques en 1965.

Le but du Synode sur la synodalité, a déclaré le pape à ses hôtes, est de «rendre vos communautés ecclésiales plus missionnaires et mieux préparées à l’évangélisation dans le monde d’aujourd’hui». Il les a enjoints à «ne pas disperser ce qui a été recueilli» lors des phases locales et continentales. Il a aussi rappelé que l’Église devait toujours rester un espace «élargi, où chacun peut se sentir chez lui», et où la coresponsabilité est encouragée, pour ne pas être une «Église de quelques-uns».

La perversion du cléricalisme

Le pape a mis en garde contre la montée d’une «sorte de néocléricalisme défensif» qui, selon lui, «s’insinue» dans le processus synodal, généré par la «peur» du monde actuel et le «besoin de faire sentir son influence». «Le cléricalisme est une perversion», s’est-il exclamé, dénonçant non seulement sa présence chez les évêques et les prêtres, mais aussi chez les laïcs.

«Le grand ennemi de ce chemin est la peur», a martelé François, fustigeant les communautés «trop autoréférentielles» et leur «théologie du miroir». Le Synode, a-t-il insisté, doit au contraire permettre de bâtir «une Église ‘inquiète’ au cœur des inquiétudes de notre temps», capable de «prendre en charge les angoisses de l’histoire» et de se «laisser interroger par elles» en les portant devant Dieu.

L’Esprit Saint, créateur de désordre et d’harmonie

Pour cela, l’Église doit laisser sa juste place au Saint-Esprit, «le protagoniste du chemin synodal». Ce dernier peut générer du «désordre», a-t-il déclaré, provoquant des éclats de rire dans l’assemblée en évoquant – sans la prononcer – une expression argentine plus explicite.

Le pape a ensuite rappelé le jour de la Pentecôte, où les disciples du Christ reçurent l’Esprit. Si la situation actuelle est agitée, «le matin de la Pentecôte, c’était pire», a-t-il insisté, parlant d’un «désordre total». «N’ayez pas peur des désordres provoqués par le Saint-Esprit», a enjoint le pontife, affirmant que les craintes naissaient soit des «égoïsmes» soit de l’influence de «l’esprit du mal». Si l’Esprit Saint «est fort pour faire ces choses désordonnées», c’est néanmoins lui qui «a provoqué l’harmonie, la communion dans l’Église», a-t-il insisté. (cath.ch/imedia/cd/rz)

Le pape François devant les membres de l'Église italienne, dans la salle Paul VI du Vatican le 25 mai 2023 | © Vatican Media
25 mai 2023 | 17:09
par I.MEDIA
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