La Papouasie-Nouvelle Guinée s’identifie comme chrétienne
Le 12 mars 2025, la Papouasie-Nouvelle Guinée (PNG) a officiellement déclaré son identité chrétienne. Un pas qui ne convainc pourtant pas les autorités catholiques du pays.
Dans un geste historique, le Parlement de Papouasie Nouvelle-Guinée, en Océanie, a amendé sa Constitution pour déclarer formellement son identité chrétienne, rapporte le média PNG Sun. La motion a été acceptée à une écrasante majorité de 80 contre 4. Des références explicites au christianisme ont été ajoutées au préambule de la Constitution. La démarche ne touche toutefois pas à la liberté de culte et les autres religions conservent leur droit de pratiquer.
Un pays très largement chrétien
Avec environ 12 millions d’habitants, la PNG est le deuxième pays le plus peuplé d’Océanie, après l’Australie. La PNG, qui a obtenu son indépendance de l’Australie en 1975, occupe la moitié orientale de la Nouvelle-Guinée, la moitié occidentale appartenant à l’Indonésie. Les premiers missionnaires chrétiens en PNG étaient des pères maristes français, qui sont arrivés dans la région dans les années 1840, bien que la foi n’ait pas été fermement ancrée avant les années 1870. Aujourd’hui, plus de 90% de la population se déclare chrétienne, dont 27% de catholiques.
Dans ce pays très pauvre, le gouvernement est absent de nombreuses communautés éloignées, ce qui signifie que les églises jouent souvent un rôle important dans la fourniture de services publics.
Une manœuvre de diversion?
Si les changements apportés à la Constitution officialisent l’identité chrétienne de la PNG, ils ne suffisent pas à en faire un État chrétien, note le média américain The Pillar. Les États chrétiens, outre de déclarer que le christianisme est la religion de la nation dans leur Constitution disposent d’une Église d’État.
La démarche du 12 mars est largement vue comme une manœuvre du pouvoir pour créer un mouvement d’unification. L’identité chrétienne de la PNG est mise en avant face à l’Indonésie musulmane et à l’Australie séculière.
Les évêques catholiques du pays ne sont en fait pas enthousiastes face à ce mouvement. En 2024, la Conférence épiscopale a exprimé sa vive opposition à ce changement dans une lettre adressée à la commission de réforme de la Constitution et du droit du pays. Les autorités ecclésiales estiment en général que le geste n’est que ‘cosmétique’, étant davantage destiné à détourner l’attention du public de l’incompétence du gouvernement. «Alors que la PNG (…) se vante d’être chrétienne à plus de 90%, nous ne voyons aucune réduction de la corruption, de la violence, de l’anarchie et de la conduite offensante du débat parlementaire,» ont souligné les évêques dans leur lettre.
La solution aux problèmes de la PNG, a déclaré l’épiscopat, «ne réside pas dans le rejet de nos traditions, la transformation en un État confessionnel, la promotion du fondamentalisme religieux, du nationalisme chrétien ou d’une idéologie de ce genre».
Le pape François a visité la PNG en automne 2024. Mais le voyage n’a pas influencé la démarche du Parlement, le projet de réforme de la Constitution étant de beaucoup plus longue date. (cath.ch/ag/thepillar/arch/rz)