La papamobile du Rubicon et des larmes 2/4
I.MEDIA prend la route et propose de revenir dans une série de quatre épisodes sur l’histoire récente des papamobiles, ces véhicules uniques utilisés pour les déplacements des pontifes. Deuxième épisode avec la première voiture à avoir transporté un pape hors du Vatican.
Hugues Lefevre/I.Média
La magnifique Graham Paige noire type 837 qui stationne désormais au Pavillon des carrosses des Musées du Vatican n’a pas volé sa place au musée. Elle fut donnée au pape Pie XI le 10 novembre 1929 par les frères Graham afin de célébrer les accords du Latran que la papauté et l’État italien venaient de signer. Cette «conciliation» mettait fin à près de soixante années de brouille entre l’Italie et les successeurs de Pierre qui, depuis 1870, se considéraient prisonniers au Vatican.
En 1926, des négociations virent finalement le jour et aboutirent à la reconnaissance trois ans plus tard de la souveraineté temporelle du pape sur l’État de la Cité du Vatican. Durant cette période, cinq papes – Pie IX, Léon XIII, Pie X, Benoît XV et puis Pie XI – ne sortirent pas du Vatican.
Premier déplacement en voiture
Alors, quand le 22 décembre 1929 le pape monte dans la Graham Paige pour rejoindre la basilique Saint-Jean-de-Latran – la cathédrale de l’évêque de Rome située à cinq kilomètres de la basilique Saint-Pierre -, la berline américaine entre dans l’histoire. «C’était la première fois qu’un pape quittait le Vatican après la chute de Rome, le 20 septembre 1870», soulignent les Musées du Vatican. Dix ans plus tard, la même voiture conduira Pie XII jusqu’au palais du Quirinal pour une visite protocolaire auprès du roi et de la reine d’Italie.
La signature des accords du Latran est l’occasion pour plusieurs constructeurs automobiles d’offrir en cadeau au pontife de splendides voitures floquées aux armoiries papales. La plus belle d’entre elles est sans doute la Citroën Lictoria C6. L’aménagement intérieur y est spectaculaire, l’habitacle se présentant selon les Musées comme «un petit salon très raffiné en style XVIIIe siècle vénitien, dominé par le trône papal en brocard cramoisi et par d’élégants panneaux en bois marqueté qui cachent des endroits où on peut abriter des objets utiles pendant le voyage, comme le bréviaire». Du fait de son luxe trop marqué, la berline française ne fut jamais utilisée…
En 1943, la Graham Paige, plus sobre, se retrouve une nouvelle fois au cœur des grands événements romains. Le 19 juillet de cette année, la capitale de l’Italie est bombardée par les Américains. Le quartier de San Lorenzo, à l’est de la ville, est dévasté. On compte près de 3’000 morts et 11’000 blessés.
En apprenant la sinistre nouvelle, le pape Pie XII saute dans une Mercedes 230 pour se rendre sur le lieu du drame afin de consoler le peuple romain. Mais la voiture allemande tombe en panne. C’est la Graham Paige 837 qui est dépêchée pour conduire l’évêque de Rome. Sur une photo mémorable, on voit le pontife les bras écartés et implorant le ciel devant une foule massée autour de lui. Juste derrière lui attend la Graham Paige… (cath.ch/imedia/hl/bh)
I.MEDIA propose une série de quatre épisodes sur l’histoire récente des papa-mobiles, ces véhicules uniques utilisés pour les déplacements des pontifes. Premier épisode avec l’arrivée en 1909 au Vatican d’une voiture à moteur… qui resta vingt années immobile.