Suisse: Pas de reconnaissance de droit public pour les musulmans

La majorité silencieuse des musulmans de Suisse

Zurich, 25 juillet 2011 (Apic) La création d’une «organisation de base» regroupant la majorité silencieuse des quelque 400’000 musulmans de Suisse est peu probable, estime Rifa’at Lenzin, spécialiste de l’islam en Suisse. C’est pourquoi une reconnaissance de droit public pour la communauté musulmane est encore moins pensable.

Répondant à l’agence Apic, Rifa’at Lenzin, qui dirige la maison pour le dialogue entre juifs, chrétiens et musulmans de Zurich, relève que les musulmans devraient d’abord se convaincre eux-mêmes de l’utilité d’une telle structure. L’idée même d’appartenir à une «sorte d’Eglise», comme le conçoivent par exemple les catholiques, avec l’appartenance à une communauté locale et le paiement d’un impôt ecclésiastique, est en effet tout à fait étrangère à l’islam. «On est musulman par naissance ou par conversion. On se rend dans la mosquée la plus proche, on y fait peut être un don, mais on ne doit pas du tout en être membre.» Actuellement l’immense majorité des musulmans de Suisse n’est ainsi pas organisée.

C’est la raison pour laquelle Rifa’at Lenzin reste pessimiste sur la possibilité d’obtenir du peuple suisse une reconnaissance de droit public pour l’islam. A ses yeux, l’acceptation de l’initiative anti-minarets en 2009 empêchera l’aboutissement de cette idée pour plusieurs années voire plusieurs décennies. En Suisse les musulmans ne sont plus capables d’obtenir une majorité. «On veut et on encourage l’intégration des musulmans. Mais la structuration d’un islam collectif, d’une communauté musulmane ? Non merci.» Il n’y a pas pour cela le moindre soutien politique, conclut la spécialiste.

Encadré

Rifa›at Lenzin est née en 1954 à Berne de parents helvetico-pakistanais. Après avoir étudié l’islamologie, les sciences des religions et la philosophie à New Dehli, Zurich et Berne, elle est aujourd’hui co-directrice de la maison pour le dialogue entre juifs, chrétiens et musulmans, à Zurich. Elle est également vice-présidente de la communauté de travail suisse pour le dialogue interreligieux IRAS-COTIS. (apic/job/mp)

25 juillet 2011 | 15:43
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 1  min.
Islam (393), Minarets (6), musulmans (183)
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