Manifestation à New Dehli: "Nous sommes musulmans, nous sommes Indiens" | DR
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La liberté religieuse est gravement menacée en Inde

Dans son rapport annuel publié le 28 avril 2020, la Commission américaine sur la liberté religieuse dans le monde (USCIRF) a déclassé l’Inde dans la catégorie la plus basse des «pays particulièrement préoccupants» aux côtés de la Corée du Nord et de la Chine. Le gouvernement indien a dénoncé de son côté les «commentaires biaisés et tendancieux» du rapport  

«L’Inde a pris un virage radical à la baisse en 2019», a déclaré la commission dans son rapport 2020 publié en ligne le 28 avril. Le gouvernement du premier ministre Narendra Modi a utilisé sa majorité parlementaire renforcée après les élections générales de 2019 pour mettre en place des politiques violant la liberté de religion, en particulier pour les musulmans, a dénoncé Tony Perkins, président de la commission.

Le gouvernement indien, dirigé par le parti pro-hindou Bharatiya Janata (BJP), a critiqué les «commentaires biaisés et tendancieux» du rapport. Anurag Srivastava, porte-parole du ministre indien des affaires étrangères, a déclaré que l’USCIRF est «une organisation particulièrement préoccupante et nous la traiterons en conséquence», indique l’agence catholique ucanews.

Pays particulièrement préoccupant

Depuis 2010, la Commission avait classé l’Inde dans la catégorie des pays de niveau 2, qui présentent au moins un des éléments «systématique, continu et flagrant» des violations de la liberté religieuse. Depuis l’élection de Modi en 2014, les dirigeants chrétiens et musulmans dénoncent les nombreuses attaques des groupes hindous contre les minorités dans leur tentative de faire de l’Inde une nation exclusivement hindoue.

En classant l’Inde parmi les «pays particulièrement préoccupants» cette année, l’USCIRF la place aux côtés de pays communistes tels que la Chine et la Corée du Nord.

La commission a indiqué que l’Inde a été classée ainsi parce que «le gouvernement national et ceux de divers Etats ont permis que des campagnes nationales de harcèlement et de violence contre les minorités religieuses se poursuivent en toute impunité, et ont engagé et toléré des discours de haine et d’incitation à la violence à leur encontre». Les lois anti-conversion dans divers Etats sont une incitation permanente à la violence contre les minorités religieuses de la part des fonctionnaires. La majorité des membres de la commission estiment ainsi que l’Inde évolue dans une direction très négative.

Priver les musulmans de nationalité

Tony Perkins a parlé notamment de révision de la loi sur la citoyenneté (CAA) adoptée en décembre 2019. Elle vise à accorder la citoyenneté aux migrants du Pakistan, du Bangladesh et de l’Afghanistan, à condition qu’ils ne soient pas musulmans (or ces trois pays sont musulmans a plus de 90% ndlr). Si ces mesures sont mises en œuvre au niveau national, 100 millions de personnes, pour la plupart musulmanes, pourraient se retrouver apatrides en raison de leur religion, a dénoncé Perkins.

Une minorité de la commission a cependant refusé cette dégradation. «L’Inde n’appartient pas à la même catégorie que les régimes autoritaires comme la Chine et la Corée du Nord. L’Inde est la plus grande nation démocratique du monde, où la loi sur la citoyenneté a été ouvertement contestée par le parti d’opposition du Congrès et les législateurs, la société civile et divers groupes», a écrit la commissaire Tenzin Dorjee.

Les 13 autres pays qui figurent dans la catégorie la plus basse sont le Myanmar, la Chine, l’Erythrée, l’Iran, la Corée du Nord, le Pakistan, l’Arabie Saoudite, le Tadjikistan, le Turkménistan, le Nigeria, la Russie, la Syrie et le Vietnam. (cath.ch/ucanews/mp)

Manifestation à New Dehli: «Nous sommes musulmans, nous sommes Indiens» | DR
1 mai 2020 | 13:09
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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